La flamboyance de La Maison assassinée tient pour beaucoup à son atmosphère fantastique au sein de laquelle l’espace domestique sert de cadre à une réflexion sur la malédiction (d’un lieu, d’une lignée, d’un village). Aussi le long métrage se situe-t-il dans la continuité d’autres : on pense notamment au Vieux fusil (Robert Enrico, 1975) et à son château maudit, à L’Été meurtrier (Jean Becker, 1985) et son enfantement criminel au sein d’un village de Provence, à Jean de Florette (Claude Berri, 1986) et à son pays de la soif qui perdra un citadin soucieux de bien faire. Avec à chaque fois la province, et le Sud privilégié pour l’examen des passions humaines – le Nord intéresse davantage les cinéastes pour un sujet social. L’ouverture constitue à elle seule un morceau de bravoure tant par la tension qu’elle installe que par l’ambiance paranoïaque et surnaturelle qui s’en dégage, séquence incertaine que la suite éclairera à la lumière de la vérité.

Mis en scène avec rigueur et inspiration, le long métrage atteint une poésie de la souffrance humaine à la fois collective et individuelle dans une relation permanente avec la Grand Guerre, toile de fond devant laquelle ressurgissent les non-dits, les exactions, les injustices. L’intelligence des dialogues oppose ainsi la « gueule cassée » de Patrice Dupin à l’implosion de l’identité de Séraphin Monge qui advient par la destruction – extérieure cette fois – de ladite maison. Soulignons enfin l’interprétation magistrale de tous les comédiens, Patrick Bruel en tête. Un grand film.

Créée

le 15 déc. 2024

Critique lue 6 fois

2 j'aime

Critique lue 6 fois

2

D'autres avis sur La Maison assassinée

La Maison assassinée
Val_Cancun
7

Monge tes morts!

Un film découvert durant mes jeunes années, pour lequel j'ai conservé une véritable affection. Revu encore récemment, j'ai trouvé "La maison assassinée" toujours aussi prenant et agréable, tout...

le 6 mai 2022

9 j'aime

2

La Maison assassinée
Magnamater
2

"Et on ne peut pas détourner les yeux..."

Ou comment faire pipi avec allégresse sur l’œuvre d'un homme. Mention honorable tout de même pour Yann Collette! Le seul dont le jeu m'a paru sincère, dont le personnage n'a pas était tourné en...

le 31 mars 2017

5 j'aime

1

La Maison assassinée
FloBerne
7

Dur d'échapper à la Der des Der

"La maison assassinée" est vraiment un sacré film, surtout pour un film français. Non pas qu'on fait exclusivement de la merde, par les temps qui courent, mais presque. Quand tu vois que Dany Boon...

le 6 févr. 2016

4 j'aime

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14