sept 2011:

Je ne m'attendais pas à bien mieux, mais je voulais voir au moins un film de Joseph P. Mawra. Bien que je ne sois pas particulièrement attiré par le fétichisme, le sado-masochisme et encore moins le lesbianisme (en cherchant bien, je finirai forcément par trouver un isme qui me convienne), j'étais cependant curieux de voir un de ses films pour y découvrir ses thématiques obsessionnelles et surtout son traitement esthétique, très appuyé, très contrasté. L'esthétique des sixties par exemple me plait beaucoup. Et l'association de l'érotisme et de la stylisation extrême de cette époque m'émoustille davantage. Sur les thèmes comme sur l'esthétisme particulier du film, j'ai été servi.

Malheureusement, le jeu des comédiens et la manière de tenir le récit laissent à désirer. Le scénario et les acteurs sont tellement nuls que Mawra nous impose en quasi continu une voix-off racontant l'histoire, camouflant la médiocrité des acteurs et l'absence d'écriture.

Je suis bien aimable d'employer le terme "histoire" et devrais plutôt parler de suite de sketchs où des jeunes femmes sont presque toujours martyrisées. Pendant un long moment, ces tortures exposent les soutifs et petites culottes de ces demoiselles dans un style bondage amerloque, très sixties, bettypage-like, d'autant plus qu'Audrey Campbell, en tenue équestre moulante et sévère, joue Olga, une sadique qui prend son panard de façon trop ostentatoire pour être vraie -mais on l'a déjà dit que c'était mal joué, excusez la répétition- en maîtresse de maison de la honte.

C'est ce style formel que je voulais voir en œuvre. Je suis comblé, mais tout de même, le défaut de contenu est préjudiciable et je me suis rapidement lassé de cette série de séquences quasi identiques. Le défilé des filles et donc de scènes fantasmatiques, propres au monde SM (tortures, attachements, fouets, matraques, etc.), fétichiste (tout l'attirail des dentelles jusqu'aux chaussures pointues) et du strip-tease fatigue, étonnamment vite, malgré l'apparition de plus en plus dénudée des tétons agités. L'espèce d'agglutinement de séquences très spécifiques, clichés dans les genres abordés forme un tout hétéroclite un peu indigeste.

Certes, l'esthétique de ces genres est hautement respectée, voire façonnée avec amour. Elle est garantie mais le vide profond qui s'en dégage ne me permet pas de m'y intéresser plus amplement. J'ai encore deux autres films de Mawra à voir. Je me fais du souci.
Alligator
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le 19 avr. 2013

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