Takashi Miike en mode bonus craspouille, c'est quelque chose. Manifestement "Visitor Q" restera en toute probabilité le film le plus amoral (mais aussi englué dans son amateurisme qui limite grandement sa portée) mais ce film issu de la série horrifique des "Master of Horror" peut prétendre à la palme de la chose la plus ignoble qui soit dans sa filmographie — devant les passages hardcore de "Audition" avec lequel il partage quelques points communs en matière de torture.
Le format de 1 heure contraint quelque peu l'intrigue et oblige à une forme de concision qui nuit légèrement à l'immersion : on va un peu trop droit au but à mon goût, même si ce n'est pas sans mérites. Pas de circonvolutions, on arrive directement dans le XIXe siècle japonais avec un journaliste américain venu retrouver sa bien-aimée sur une île peuplée de prostituées et recouverte de secrets. En passant la nuit avec une prostituée pas vraiment comme les autres, la porte des cauchemars est laissée grande ouverte.
"La Maison des sévices" (aka Imprint) est un concentré de glauque absolu dès lors que le récit amorcé en flashbacks successifs par la prostituée défigurée essaie de nous dévoiler le sort de la dulcinée. C'est un peu facile parce que le film a recours au flashbacks-mensonges, alors qu'on est évidemment obligé de croire ce qui nous est montré. Mais il n'empêche que Miike se délecte de la gradation dans l'horreur : d'une part, il se régale de nous malmener avec la torture subie par la pauvre femme, qui se fait malmener par les autres filles de la maison close — Miike a visiblement un penchant pour les aiguilles, et ici ce n'est plus plantées dans les yeux comme dans "Audition" mais sous les ongles et dans les gencives —, et d'autre part il raconte le passé atroce de la narratrice, fruit d'un inceste, survivante d'une mère qui balançait tous ses fœtus à la rivière. On nous révèlera le comble de l'horreur, l'existence d'une mini sœur jumelle localisée au niveau de sa tête et matérialisée par une main avec yeux et dents, bref, bizarre total. Du bien costaud en termes d'horreur, et finalement le plus dérangeant à mes yeux dans l'histoire, c'est le jeu de Billy Drago qui à travers ses expressions donne l'impression d'être sous acides ultra puissants. Ça, c'est vraiment embarrassant.