Un magnifique adieu à Henry Fonda.
Jane Fonda a toujours voulu jouer face à son père. Sachant que ce dernier était déjà malade, elle a initié et produit ce film pour pouvoir lui dire ce qu'elle avait sur le coeur, avant qu'il ne soit trop tard. En effet, dans sa biographie, Jane Fonda reprochait à son père de ne pas l'avoir assez écoutée ou aimée, et ce film est l'occasion de les réunir pour la seule et unique fois.
Le film est une rencontre entre un vieux couple, dont un octogénaire bougeon et pas ravi de fêter ses 80 ans et son épouse qui a une pêche d'enfer, et le fils du mari de Jane Fonda, que ses parents vont devoir garder durant un mois.
Véritable chant d'amour à ces acteurs que sont Henry Fonda et Katharine Hepburn, magnifiques tous les deux, le film est une confrontation de leur époque et de celle de cet enfant, âgé d'une douzaine d'années, et ce qui au départ ne crée que des soucis, surtout entre Fonda et ce Bill, va les rapprocher et créer un lien entre celui qui se sent partir et celui qui commence sa vie.
Jane Fonda a un rôle plutôt secondaire, elle joue la belle-mère de Bill, mais son envie de jouer face à son père est tangible, et il se crée une vraie émotion à la fin, quand ce dernier va la pousser à faire un plongeon où il sera fier d'elle, et la serrera enfin dans ses bras.
La jeune femme est accompagnée de son mari, joué par Dabney Coleman, qui est le premier à comprendre que le caractère irritant de Henry Fonda n'est en fait qu'une carapace pour le protéger de ses peurs, surtout celle de mourir. Il en résulte une très belle scène de confrontation entre les deux.
Quant à Katharine Hepburn, il n'y avait pas meilleur choix en tant qu'épouse de Henry Fonda, car elle a encore une vraie présence, a une pêche d'enfer à 75 ans (la voir gambader dans la forêt a quelque chose de magique), mais comme ce dernier, elle ne cache pas son âge, on perçoit d'ailleurs qu'elle fut touchée par la maladie de Parkinson.
Fonda est d'ailleurs un homme usé et vieilli, qui se encore se prouver qu'il est utile, en cherchant des petits boulots, alors qu'il a de fréquentes pertes de mémoires.
Là où ce film marche très bien, c'est qu'il est souvent drôle, non seulement à cause des scènes entre Bill et Henry Fonda, mais aussi entre ce dernier et Hepburn, où l'on revoit des pans entiers de leur filmographie, sans qu'ils n'aient joué ensemble auparavant, mais on voit encore le formidable don de la répartie qu'avait Hepburn, et sa délicieuse ironie qu'elle a à se moquer de son mari, tout en ayant un amour véritable entre les deux personnages.
D'ailleurs, il y une scène magnifique en fin de film où Henry Fonda fait un malaise, et l'assurance qu'avait Hepburn se transforme en vraie panique, car elle a vu pour la première fois son mari en danger de mort, et l'on voit ce dernier rebondir avec ironie sur son malaise, c'est savoureux.
Le film est tiré d'une pièce de théatre, ce qui se ressent un peu car il y a un seul décor intérieur (la maison), et seulement sept personnages en tout et pour tout, mais Rydell sait qu'il a un superbe lac, une forêt étrange, et il en profite, avec de très beaux plans larges sur le soleil couchant, qui préfigure en quelque sorte que Henry Fonda fait ici ses adieux.
C'est un scénario cousu de fil blanc, où l'on devine très vite ce qui va se passer, et l'ado jouant Bill est assez mauvais au départ, mais ça marche très bien en tant que tel, et voir deux magnifiques acteurs à la fin de leurs vies a quelque chose de bouleversant, en nous offrant une ultime preuve de leur talent.
D'ailleurs, le public ne s'y est pas trompé, car ce fut un triomphe, et cela a permis à Henry Fonda d'avoir enfin son Oscar, à quelques semaines de sa mort, et à Katharine Hepburn de décrocher son quatrième trophée (record toujours inégalé).