Très inégal dans son ensemble, oscillant entre envolées formelles enthousiasmantes et narration soporifique, j'avoue être un poil déçu par ce Fulci qui possède pourtant un bel échantillon de ce qui fait le charme de l'indomptable italien, à savoir des sursauts de gore qui ne font pas dans la dentelle et des mises à mort bien sèches relativement inattendues. La fin, notamment, est un bel exemple de conclusion très noire, Fulci s'amusant à détruire le peu qu'il a construit, sans faire de manière. En cela, sa fougueuse proposition est à saluer, d'autant plus qu'elle est portée par une photographie poisseuse mais délicate, génératrice d'ambiances visuelles remarquables.
Malheureusement, sa mécanique narrative n'est pas toujours à la hauteur de sa maîtrise technique. L'histoire ne prend jamais le temps de se compléter et se limite à une phase d'exposition laborieuse qui n'est que peu exploitée. Prétextant un semblant d'enquête, Fulci rassemble ses proies dans une baraque hantée, en pleine cambrousse, pour les dézinguer une par une. Une variation classique donc, qu’il fait varier en passant du film de maison hantée pantouflard au slasher énervé, à l'occasion d'une dernière partie bien plus réjouissante, mais trop tardive, et surtout trop vite expédiée, pour rattraper le manque d'équilibre de la première phase. En outre, et même si c'est aussi sa marque de fabrique, sa direction d'acteurs erratique est ce coup-ci dérangeante : les acteurs sont peu crédibles, et plus particulièrement les moutards, sont à la limite du supportable (à leur décharge, je n'avais que la version anglaise sous le coude, et le blondinet y a une voix atroce).
Au final, La maison près du cimetière fait l'effet d'être un film trop hétérogène pour convaincre pleinement. L'indulgence de chacun tempérera l'enthousiasme des premières minutes : j'en attendais pour ma part un peu plus. Le vrai problème du film est le manque de caractérisation des différents éléments composant la pauvre petite famille qui se fait latter la tronche, une phase pourtant nécessaire pour s'attacher à ces pauvres âmes pour souffrir avec elles quand le malin passe à l'acte.
Du coup, il faut se contenter d'un boulot formel très réussi et de la caméra improbable de Fulci. Mais comme de ce point de vue là, on n’est pas au niveau, à mon sens, d'un Frayeurs ou d'un The beyond (c'est bien trop lent par moment, l'égorgement du papa, par exemple, c'est filmé si langoureusement qu'on n'y croit pas), je suis resté tout de même cruellement sur ma faim. Heureusement qu'il me restait quelques Chocobons, rescapés du week-end dernier.