Oh… Voilà un script qui pue la ghost story ! Mais pas tant que ça en fait. Ce qui fait toute la spécificité de ce film (et qui contribue à l’intérêt que je lui porte), c’est la générosité sans limites de Fulci, qui n’hésite pas à utiliser pratiquement tous les procédés du genre horrifique avec une efficacité redoutable. L’introduction du film fait immédiatement penser à un slasher. On y voit deux adolescents venus pour forniquer dans la maison qui sont impitoyablement massacrés par un inconnu partiellement « dégradé » (ses blessures sont indéfinies) avant d’être traînés au fond de la cave. Mais juste après, Lucio part sur des visions spectrales dans la maison, notamment une petite fille rousse, qui tentera de prévenir le fils du danger qu’ils encourent. Après une scène prémonitoire incompréhensible à ce stade de l’histoire (le mannequin décapité), on commence à avoir de nombreux bruits bizarres dans la maison. Notamment des pleurs d’enfant. La mère découvre alors une tombe au milieu du salon, et la cave, d’où semble provenir la Menace, est rouverte. Impossible de prévoir ce qu’il va se passer, puisqu’on cumule des fantômes tentant d’entrer en contact avec la famille, un mystérieux assassin vivant dans les fondations de la maison et une nourrisse ambigüe, étroitement liée à la prédiction des fantômes. Une surabondance d’effets qui impressionnent et qui entretiennent assez bien le climat d’angoisse qui règne pendant tout le film. Mais c’est à partir du moment où on commence à descendre à la cave que le mot « terreur » peut enfin être évoqué. La peur du noir y est rapidement intolérable, et malgré le kitch de l’effet, les yeux qui brillent dans le noir deviennent l’une des apparitions les plus terrifiantes de mon parcours cinéphile. Le radicalisme du gore employé (quand l’assassin s’attaque à quelqu’un, il n’y va pas de main morte). Sa violence rude est un magnifique exemple de ce qui peut contribuer à une ambiance glauque et terrifiante. Lucio, en développant peu à peu son histoire, nous entraîne alors sur une piste complètement inattendue, en partant dans un fantastique qu’on ne soupçonnait pas, et nous scotche littéralement par un final tétanisant, où la famille dans son intégralité devra faire face à leur mystérieux hôte, ce qui nous offrira là encore de purs moments de paniques (le gosse plaqué contre la porte alors que son père est en train de la défoncer à coups de hache pour tenter de le libérer). D’une puissance insoupçonnée, le film se conclut néanmoins trop rapidement à mon goût, en ne prenant pas le temps de faire éclater tout le potentiel qu’il avait accumulé en une heure trente. En effet, ses conclusions sont sans liens avec le ton ou le propos du film, ils ne concernent vaguement que les gémissements de l’inconnu. Radical, gore et arrivant sans peine à faire peur, La maison près du cimetière est largement mon préféré de Fulci, qui en plus d’un assassin au moins aussi iconique que les plus grands croquemitaines (dur pour moi de ne pas penser à Freddy), utilise une bande originale à tomber pour sa puissance. Vraiment, c’est un film qui malgré ses petites incohérences et son rythme inégal reste très efficace. Une vraie réussite, et ma véritable étape de conversion au style Fulci ! Inoubliable.
Voracinéphile
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films d'horreur et Les plus belles affiches de films

Créée

le 3 mai 2014

Critique lue 1.5K fois

10 j'aime

10 commentaires

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

10
10

D'autres avis sur La Maison près du cimetière

La Maison près du cimetière
oso
6

Un blondinet parmi les tombes

Très inégal dans son ensemble, oscillant entre envolées formelles enthousiasmantes et narration soporifique, j'avoue être un poil déçu par ce Fulci qui possède pourtant un bel échantillon de ce qui...

Par

le 1 avr. 2016

13 j'aime

2

La Maison près du cimetière
Voracinéphile
9

Qui remontera de la cave ?

Oh… Voilà un script qui pue la ghost story ! Mais pas tant que ça en fait. Ce qui fait toute la spécificité de ce film (et qui contribue à l’intérêt que je lui porte), c’est la générosité sans...

le 3 mai 2014

10 j'aime

10

La Maison près du cimetière
Heurt
7

La vérité sort de la bouche des enfants.

Avec Fulci on est souvent à la limite du ridicule et de l'effrayant, la maison près du cimetière ne déroge pas à la règle. Il règne sur le film une ambiance malsaine qui est plutôt efficace dans un...

le 9 nov. 2017

7 j'aime

6

Du même critique

Alien: Romulus
Voracinéphile
5

Le film qui a oublié d'être un film

On y est. Je peux dire que je l'avais attendu, je peux dire que j'avais des espoirs, je l'ai sûrement mérité. Non que je cède au désespoir, mais qu'après un remake comme celui d'Evil Dead, ou une...

le 14 août 2024

178 j'aime

48

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

102 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36