Injustement considérée comme une sixième adaptation d'Edgar Allan Poe par Roger Corman, La Malédiction d'Arkham est en réalité l'adaptation d'une nouvelle de H.P. Lovecraft intitulée "L'Affaire Charles Dexter Ward". En effet, seul le titre original emprunte à Poe celui d'un de ses innombrables poèmes ("Le Palais Hanté") et seulement deux phrases du poème sont énoncées dans le film. Hélas, adapter du Lovecraft n'est pas chose aisée, surtout pour le réalisateur américain qui peine ici à rendre clairement hommage au célèbre écrivain...


Il faut dire que s'attaquer à l'univers mythologique peuplé de créatures diaboliques et de dieux ancestraux relève d'un tout autre budget et d'une toute autre façon de réaliser, chose que Corman ne parvient malheureusement pas à faire. Plus influencé par les écrits de Poe, il nous livre ici une mésaventure lovecraftienne à la façon de Poe, s'attardant sur la dualité mentale de notre héros pour au final délaisser l'horreur, le metteur en scène préférant le suspense dramatique plutôt que l'intrigue fantastique mettant en scène freaks et sorcellerie.


C'est fort dommage mais le long-métrage arrive toutefois à conserver son efficacité, l'atmosphère lovecraftienne composée de ce petit et inquiétant village brumeux, de ses secrets enfouis et de ses habitants peu sympathiques faisant bien son effet. Vincent Price, fidèle à lui-même, incarne avec brio le double rôle de Curwen/Ward, schizophrène torturé ne sachant progressivement plus où donner de la tête. Peu à peu habité par son diabolique ancêtre, l'aristocrate bienveillant va se laisser mentalement manipuler et devenir ainsi une ordure de première naturellement hautaine, désagréable envers son épouse (la magnifique Debra Paget) et manipulateur envers le seul habitant du village qui souhaite lui venir en aide (Frank Maxwell).


Le film reste donc suffisamment intrigant pour être plaisant et ce malgré une mise en place assez longuette, les dernières minutes constituant clairement la partie la plus intéressante. Fort heureusement, Roger Corman réussit à instaurer à son film une ambiance pesante et joint à son métrage des décors magnifiques, une photographie soignée ainsi qu'une musique comme d'habitude inquiétante à souhait. Pas le meilleur film de la saga consacrée à Poe (bien qu'encore une fois ce dernier ne soit pas de lui) mais un bon petit film d'épouvante à l'ancienne en soi très agréable.

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le 4 avr. 2019

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