Y a une cinglée qui pleure dans l’couloir. Faut la comprendre, elle a noyé ses marmots l’aut’fois pas loin d’chez elle, dans la mare. Son mari est allé voir ailleurs (on le comprend), et elle s’est vengée. Et elle continue encore, là regarde elle vient cramer le bras de tes gosses, et le tien aussi. Mets des graines devant ta porte, t’auras des citrouilles pour Halloween. Des citrouilles qui feront certainement bien plus peur que cette mauvaise soupe dont on connaît la recette, et que l’on se surprend à supporter encore jusqu’au bout.


La Malédiction de la Dame Blanche – le titre français laisse entendre un rapprochement entre la folle éplorée et le dessert glacé, mais la crème ne prendra pas – s’affiche comme un long train-fantôme qui perd en efficacité ce qu’il emprunte et recycle aux œuvres formant le fameux James Wan Univers étendu car de Wan ici, cherchez la virtuosité. Non que la réalisation soit laide, non que les acteurs soient mauvais, non que la musique ne compose une ambiance pesante et malsaine. Non, le souci, c’est que peu importe l’histoire racontée, l’horreur pensé comme système clos échoue à trouver une originalité et une couleur à soi, se cantonne au déballage des vieux effets usés jusqu’à la corde (celle de Conjuring, qui pend dans le jardin).


Le film atteste aussitôt l’impasse dans laquelle se trouve tout un pan du cinéma d’horreur contemporain : oublier qu’à chaque histoire, qu’à chaque cinéaste correspond une vision de l’épouvante particulière. En résulte un produit dérivé pas désagréable, mais qui se consomme et s’oublie dans les minutes qui suivent, de la même manière qu’un pouce fait défiler les photos de célibataires retouchés dans l’espoir d’en caresser la carapace, un soir ou l’autre. Toujours plus fausse, l’entité démoniaque souffre ici de visuels fort laids qui tendent à la rendre plus pitoyable qu’effrayante. Le spectateur a bien envie, après visionnage, d’envoyer un peu d’argent pour améliorer son design et lui offrir des vêtements décents. De tout, en fait, sauf de se replonger dans La Malédiction de la Dame Blanche.

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le 19 déc. 2019

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