La marquise d'O do.
A partir des années 1970, Eric Rohmer va s'atteler à des adaptations littéraires, mais qui reprennent à l'identique les textes d'origines. A l'image de La marquise d'O..., tournée et jouée en...
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le 10 déc. 2020
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Un film sorti en 1976 que je tenais absolument à voir : La Marquise d'O, (et non la suite érotique de Histoire d'O tournée par Just Jaeckin !) une adaptation du roman éponyme de Heinrich Kleist paru en 1805, réalisation franco-allemande tournée en allemand, avec la comédienne de théâtre Edith Clever et l'excellent comédien suisse Bruno Ganz dont c'était le premier rôle.
Une oeuvre très belle au plan esthétique, il a été fait allusion et à juste titre, à des tableaux d'Ingres ou de Greuze, et l'allemand de Bruno Ganz est un plaisir pour l'oreille: langue fluide, diction parfaite, un pur bonheur.
Rohmer a été fidèle au roman de Kleist, mais il est difficile pour les spectateurs que nous sommes, de ne pas sourire, voire rire ( la salle ne s'en est pas privé) à la vision de certaines scènes volontairement distanciées de la réalité qui nous environne.
Qu'on en juge plutôt :
La marquise que des soudards ont failli violer et qui se retrouve enceinte comme la vierge Marie après avoir été sauvée de justesse par un fringant officier russe, décide de passer une annonce à seule fin que le père de l'enfant se fasse connaître:
« Or donc, le jour suivant, dès le matin, se posa la question : qui pourrait bien, grand Dieu! se présenter le lendemain à onze heures? Car le lendemain, c'était le 3 tant redouté. Le père et la mère, le frère qui les avait rejoints, réconcilié lui aussi, étaient d'accord sans réserves pour le mariage, pour peu que la personne fût de condition acceptable. Tout ce qu'il y avait de possibilité au monde devait être fait afin d'assurer à la marquise une situation heureuse. »
Une histoire intéressante qui nous donne à voir que le mâle en rut, la bête qui sommeille chez tout homme, le désir dans sa forme la plus bestiale, n'est pas l'apanage des êtres frustes, ce qu'a sans doute voulu montrer Kleist et qu'a très bien rendu Rohmer, nous présentant un comte amoureux, certes, mais qui n'a pu résister, tout gentilhomme qu'il est, à l'appel irrésistible de la chair, et véritable originalité, le marivaudage ne viendra qu'après.
Un film atypique s'il en est, même dans la filmographie du cinéaste, mais qui suscite encore intérêt et interrogations, et le débat fut animé à la sortie de la salle!
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les Vilains magnifiques : ces "moches" qui crèvent l'écran
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le 19 avr. 2012
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