La Meilleure Façon de marcher par Maqroll
Premier long métrage de Claude Miller et succès immédiat pour cette chronique douce amère d’une colo tenue par un directeur paternaliste et moraliste (Claude Piéplu), où les moniteurs sont tourmentés par les questions de leur âge… Un soir, l’un d’entre eux, extraverti hâbleur, va tomber par mégarde amoureux d’une image féminine entrevue émanant d’un collègue introverti et délicat… Dans l’impossibilité de discerner ce sentiment « honteux » (et de répondre à la question cruciale qui donne son titre au film), il va tourmenter celui qui va devenir peu à peu sa victime jusqu’à ce que - dans une fin d’une violence aiguë - les positions s’inversent… Dans le rôle du « macho », Patrick Dewaere est prodigieux de sensibilité et arrive à exprimer dans un regard toute l’ambivalence de son personnage. En fiancée du timide, d’abord effarouchée puis de plus en plus assurée, Christine Pascal est bouleversante. Face à ces deux « monstres » (tous deux morts prématurément par suicide), Patrick Bouchitey est forcément un peu en retrait mais il restitue tout de même très correctement l’épaisseur psychologique de son personnage. La mise en scène de Claude Miller est déjà pleine de maturité et rend compte à merveille de cet univers trouble (constituant un sujet tabou pour l’époque), traité à travers une multitude de symboles avec une délicatesse parfaite. Et, pour l’avoir revu récemment, je peux en outre assurer que ce film n’a pas pris une ride.