Je suis assez déçu de ce deuxième d'Eduardo de Gregorio dont j'avais vu le premier film : Sérail. En fait ce premier film était plein de mystères, mais était également très condensé, c'était un huis clos, on n'avait que peu de personnages... et là c'est l'inverse, on multiplie les lieux, les personnages et finalement le mystère est annoncé dès le résumé. Donc en fait j'ai clairement l'impression qu'on patauge dans la semoule.
Cette chasse aux nazis qui arrive quand même à réunir Jacques Rivette (ça lui va bien de traquer les nazis à lui...), Frédéric Mitterrand pour un petit rôle, Nathalie Baye et d'autres encore, n'arrive jamais à être réellement tentaculaire, à donner l'impression de vertige au spectateur sur l'immensité des révélations. J'ai l'impression que le réalisateur n'arrive pas à donner de l'ampleur à son film, qu'il n'arrive jamais à décoller du microcosme de son premier film.
Et c'est dommage, parce que Rivette en romancier partant en quête de nazis planqués en Amérique du Sud, il y avait de quoi faire. Le personnage de Baye était vraiment parfait pour servir de héros hitchcockien, la fille banale qui met par hasard le pied dans un engrenage et qui n'arrive plus à s'en sertir et qui se retrouve très vite dépassée de toutes parts.
Mais vu que l'intrigue n'est pas très intéressante et que la mise en scène n'arrive pas à maintenir le suspens, la tension, très vite l'intérêt retombe, alors que le début est vraiment bon, de même que la toute fin.
Le film a ses idées pour explorer un peu la face cachée de notre monde, là où finalement derrière les financiers européens se cachent des nazis réhabilités grâce à une savante organisation pour camoufler leur identité. Quelque part ça m'a un peu fait penser à la Question humaine. Mais ces idées sont noyées dans quelque chose de trop confus, de trop mou pour réussir à maintenir le spectateur en haleine et réellement le passionner sur les découvertes qu'il suspecte depuis qu'il a lu le résumé du film.