On peut relever une ressemblance avec la BD XIII dont Jean Van Hamme n'a jamais caché qu'il s'était inspiré du roman de Robert Ludlum, tout au moins le début de l'histoire qui ensuite prend une direction différente. Ici, c'est une adaptation assez fidèle du bouquin de Ludlum, quoiqu'un peu conventionnelle, mais très tonique. En effet, après Richard Chamberlain qui a incarné Jason Bourne dans un téléfilm en 2 parties, Matt Damon reprend le rôle dans une version hyper musclée et plus violente qui multiplie les scènes d'action. On le voit escalader un immeuble à mains nues et pratiquer le close-combat, il a d'ailleurs suivi un entraînement intensif, appris les arts martiaux, la boxe et le maniement des armes, et on voit le résultat à l'écran, c'est très persuasif.
A tel point que le film en 2002 a crée un nouveau type de héros d'action, un anti-James Bond, plus intense, parano et torturé dans sa tête, avec des scènes d'action bien maîtrisées, au style sec et très speed, mais sans sombrer dans l'excès comme c'est le cas dans le médiocre Quantum of Solace. Du coup, ce film a un peu imprimé un ton nouveau et plus réaliste que les autres franchises basées sur l'action ont été obligé d'adopter sous peine d'être larguées ; c'est donc devenu une vraie bagarre d'empoigne pour aligner de telles scènes toujours plus dingues dans la franchise Mission impossible et dans les Bond. Ces 3 là trustent ce marché à Hollywood, d'où il naît une saine émulation.
Ici, le réalisateur sacrifie à la traditionnelle poursuite en voiture, elle a lieu dans Paris avec une petite Mini, et elle est sacrément bien réglée. La seule chose que je reproche à ce film (et même à ses suites), c'est la façon dont sont filmés les fights ; c'est du close-combat filmé de trop près en steady cam, avec un montage cut et très speed, c'est d'une confusion totale, je ne vois pas ce qui s'y passe et ça entraine une frustration, je n'aime pas du tout ces scènes.
A part cet aspect technique négatif, c'est un bon thriller à suspense, du pur divertissement bien calibré et solide, où l'espionnage est montré sous un aspect nouveau, plus froid, plus dépersonnalisé et plus impitoyable que dans les films des années 60, en sachant éviter le superflu, et où Matt Damon créait à l'écran un nouvel actioner typique de la décennie 2000.