La Mer cruelle
6.8
La Mer cruelle

Film de Charles Frend (1952)

Dans la série film de niche, méconnu, introuvable, ou presque, voici une virée de bord vers la Royal Navy.



  1. La drôle de guerre bat son plein et un capitaine de la marine marchande se voit attribuer un commandement sur un escorteur. Ericson, seul véritable marin, va devoir former un équipage hétéroclite, au sommet duquel se trouvent des officiers dont aucun n'a d'expérience, ainsi un avocat et un journaliste. Juin 40 : la France s'effondre, Brest et Lorient sont prises ; les U-Boot vont pouvoir commencer leur chasse et la "Rose des Vents", la corvette d'Ericson, va devoir protéger les convois venant les USA, à travers la route de Gibraltar, l'Atlantique et l'Arctique.


Un film singulier que voilà, assez proche, finalement, du Das Boot que Petersen nous offrira près de 30 ans plus tard. La réalisation toute classique de ce cinoche des 50's pourrait laisser croire que le film a vieilli. Sur la forme, sans doute. Sur le fond, ce film est excellent, brillant même si l'on s'en tient au contexte de sa réalisation.


Parmi cet équipage point de héros, mais des hommes ordinaires, courageux, peureux, lâches. Rien n'est épargné dans cette lecture d'une guerre aussi vrai que possible. Le froid, l'angoisse des marins, les tempêtes qui s'écrasent cotre le navire, en attendant que le calme apporte son lot de torpilles. A travers des visages superbement filmés, rehaussés il est vrai par le noir et blanc, nous voyons ces hommes s'enfoncer peu à peu dans une routine mortelle. Si les visages se dégradent moins que ceux des sous-mariniers de Das Boot, ils n'en restent pas moins réalistes.


Les missions s'enchainent : on suit le convoi, il est attaqué, on chasse un adversaire qu'on ne trouve pas. Alors on rentre pour voir sa femme, se saouler. On trouve un amour fugace, et on repart. On croise à nouveau cette bouée qui marque l'entre dans la haute mer. Convoi. Torpillage. Panne. Patrouille aérienne. Un jour, enfin, on en tient un : on le traque, on le grenade, on le coule. On rentre, heureux et fier et là Liverpool n'est que flammes. Votre femme est morte, ou vous a quitté. Le marin est seul. Alors il repart.



      1. Les années se succèdent. Votre navire vous a quitté, comme bon nombre de vos camarades, emportés par la Mer Cruelle. Mais un nouveau bateau s'offre à vous, pour de nouvelles missions, de nouveaux mois d'attente, de traque, de peur. La caméra suit ces hommes, sonde ce navire, écumant les mers au rythme de gros plans sur les machines qui éructent et crachent leur vapeur.


Un bel hommage aux marins, un pendant de qualité au film de Petersen. Une approche sans gloire, froide, sans patriotisme. Qu'on est loin d'Hollywood et de l'héroïque John Wayne ! Mer cruelle rappelle combien la guerre est sordide et laisse peu d'espoir. Les acteurs sont tous justes et il est sympa de retrouver Denholm Elliott, futur Marcus Brody et compère d'Indiana Jones.


Un film que j'ai beaucoup aimé donc, plus percutant que "l'Odyssée du sous-marin Nerka" ou que le très bon "Torpilles sous l'Atlantique" et qui serait proche de titiller le génial Das Boot si le poids des années ne l'avait un peu figé. A noter que les effets spéciaux sont très corrects via l'utilisation de maquettes et que des images d'archives sont insérées avec efficacité.


Ainsi, même 60 ans plus tard, il demeure une excellente trouvaille sur un sujet peu abordé.

Créée

le 12 juin 2013

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Aqualudo

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