La messe est finie par Maqroll
Cinquième long métrage de Nanni Moretti, La messe est finie met en scène un curé plein de fougue, d’inexpérience et de foi en son prochain… toutes choses qui vont se modifier au fil de l’avancement de l’histoire. Comme toujours chez Moretti, le scénario est solide, la caméra pertinente et les acteurs bien dirigés. Comme à l’accoutumée aussi, la psychologie des personnages est très travaillée, avec une connotation freudienne indiscutable. Le tout est au service d’un propos louable et qui est au centre de toute l’œuvre de Moretti : l’humanité. Le ton est donné d’emblée dans la scène du catéchisme où est posée aux enfants la question de l’humanité de Jésus. C’est, au-delà de cette humanité divine, celle du prêtre lui-même dont il s’agit, qu’il va devoir révéler et assumer. On va ainsi voir le doux agneau du début qui semble chercher le martyre (cf. : la scène où trois voyous le plongent à plusieurs reprises dans une fontaine publique jusqu’à l’étouffement) se transformer en loup aux colères terribles, allant jusqu’au passage à l’acte (sur les objets d’abord puis sur les gens). Dans le récit de cette assomption de l’homme chez un prêtre à la fausse vocation de saint, deux reproches peuvent être faits à mon sens à Moretti. Un : le propos a du mal à se dégager d’un récit parfois confus et inutilement encombré de personnages secondaires trop nombreux ou insuffisamment mis en valeur (l’ex-curé marié notamment, qui ne fait que laisser entrevoir le problème de la sexualité du prêtre sans le traiter vraiment). Deux : la psychologie des personnages est un peu trop caricaturale, notamment au niveau des rapports du frère et de la sœur, ce qui affaiblit l’ensemble du discours. Tel qu’il est, ce film mérite toutefois plus d’éloges que de reproches, mais il n’est pas au niveau des chefs-d’œuvre que Moretti nous donnera plus tard.