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Ma chronique va déborder sur l’œuvre littéraire, car il est impossible de ne pas y faire référence. Le sujet de l’œuvre consiste en une transformation absurde, sans explication. L’ambition est de placer, comme souvent, un homme sans histoire dans un quotidien insipide, qui bascule sans prévenir dans l’absurde total. Un absurde dont le comique est vite évacué pour laisser parler la cruauté de la situation. Il est facile d’y voir des métaphores (celle du handicap est évidente, à tel point que je ne la développerai pas), mais je ne pense pas que Kafka l’ait rédigé dans cette optique. Comme le Procès n’est pas une dénonciation de la justice de son pays. Ce sont des récits purement absurdes, où Kafka, pour bouleverser le quotidien monotone qu’il s’éclate à décrire, s’impose des règles sans sens, mais qu’il respecte. Il fait ensuite simplement évoluer ces personnages en conséquence, ces derniers se pliant aux règles établies sans pouvoir les contourner. Le véritable risque de La métamorphose, c’est la créature. A quoi a-t-on droit ? Une créature caoutchouteuse à la Cronenberg ? Une grossière incrustation ? Un véritable cafard ? Non en l’occurrence, le film tente l’immersion totale en nous montrant l’essentiel de l’histoire en vue subjective, grâce à une caméra réduite que les techniciens baladent le long des murs pendant que se déroule l’action. Un parti pris plutôt audacieux, qui fait surtout très peur pendant l’introduction. En effet, on commence par filmer un dessus de lit avec des effets de caméra très laborieux, l’objectif champ large déformant l’image et laissant une partie de l’image floue. La reconstitution d’époque se révèle cheap, et la qualité de l’image, tournée sur VHS à l’époque, provoque une certaine déception. Mais une fois ces partis pris ingérés (quand même, un peu douloureux à avaler), La Métamorphose se révèle être une adaptation tout à fait correcte du texte d’origine. Se focalisant sur la dégradation progressive des relations entre Grégoire et sa famille (il n’a plus l’usage de la parole, sa condition d’insecte bouleverse en profondeur ses goûts), le film s’apparente à un suivi psychologique rigoureux, à la fois pour la victime de l’absurde, et pour ses proches qui le renient peu à peu. Récit dur, à l’issue fataliste, la conclusion est finalement à la mesure de l’absurde que cherche à illustrer Kafka, car c’est bien de folie dont il veut traiter, l’humour étant souvent accidentel. A cette image, le film se contente de retranscrire fidèlement à l’écran, façon pièce de théâtre adaptée, avec un jeu d’acteur correcte sans être transcendant. On passe à côté de performances à la zulawski, mais le résultat s’acquitte de sa mission avec les honneurs.
Voracinéphile
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le 3 nov. 2013

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