Il faut aller en cours, il faut y croire. Tiens, une affiche, Yolande Moreau, un fusil, un regard mystérieux. Il faut y croire. La horde, le dernier gros film d'horreur français a fait pas mal de dégats, tellement il fut raté. Sélection officielle au festival de Cannes, c'est con mais ça ajoute à la curiosité. Il faut y croire.

Les lumières s'éteignent et tout de suite, dès les premiers plans, on sait que ça ne va pas. Car tout de suite on est face à ce qui s'avérera vrai pour le restant du métrage : Franck Richard n'aime pas le genre. Non, il ne fait qu'assembler une somme de clichés tous plus gros les uns que les autres. Une image crados, un autostoppeur, n'en jetez plus !

Alors on se dit que quitte à être encore une fois déçu, autant mettre de côté toute envie analytique et se laisser bercer par le scénario. Grossière erreur, c'est aller droit à la déprime. Le réal a dû voir beaucoup de films du genre, c'est sûr : du torture-flick par-ci, du Carpenter par là, on secoue et on obtient une histoire sans caractère, où Yolande Moreau (impeccable) est une fermière qui nourrit des monstres, mineurs restés en terre (coucou The Descent), se nourrissant des victimes levées par son fils (Benjamin Biolay, nullissime).
Et même avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut que rester pantois face au rythme auquel s'accumulent les poncifs, et surtout à quel point ils sont dénués de tout effet dramatique. Vous aurez droit à la décharge de fusil à pompe qui ne tue pas vraiment, à la fille qui tire avec ledit fusil, recharge, vise et lance la purée sans un centimètre de recul etc etc.

Mais le pire dans tout ça, c'est l'humour. Rien de pire, rien de plus pitoyable que cette volonté manifestement assumée de décrédibiliser ce qui se passe à l'écran, et qui n'est déjà pas fameux, par des touches humoristiques.
Exemple, l'héroïne (Emilie Dequenne, pas dans le rôle) se fait molester. Et le réalisateur trouve ça trop drôle de truffer la séquence d'inserts d'un ex-flic qui se fout des bretzel dans le pif et les oreilles, l'effet recherché étant le rire. Bien sûr, il voulait aussi montré l'incapacité de cet homme à venir en aide à autrui, mais merde il y avait d'autres moyens que de foutre en l'air la possible intensité de la séquence ! Et la colère redouble quand, alors qu'on a enfin un début de frisson, la caméra préfère s'envoler et filmer une girouette débile au lieu de filmer l'action, au secours. Et c'est comme ça tout du long, même lorsque les créatures passent à l'action.

Parlons justement des créatures, dont le traitement a dû prendre deux heures, pendant une bonne cuite lors d'une soirée défonce. Ne cherchez pas chez elles le symbolisme, il n'y en a aucun. Ne cherchez pas l'originalité, on est face à un mélange de Vampire et de L'échelle de Jacob, ne cherchez pas une situation rocambolesque, le "moment fort" étant une repompe de La Nuit des Morts-Vivant. Ne cherchez pas le frisson, le réal adore filmer Emilie Dequenne qui court alors que les créatures sont au premier plan et la regardent, et autres joyeusetés plus inoffensives les unes que les autres. Aucune force, aucun relief, aucun charisme, à se demander comment on peut laisser sortir un truc pareil.

On pourrait aussi parler de choix artistiques plus que douteux, comme une utilisation du flash-back terriblement inutile juste pour faire joujou avec des effets spéciaux censés souligner l'état d'un personnage empoisonné... sauf que quelques minutes plus tard ce même personnage "surprend" son monde : éh oui trop malin le gars il avait senti le café empoisonné ! Stupide, débile, on manque de qualificatifs pour une telle catastrophe.

Il faut y croire, encore et encore, mais bon sang que c'est dur de voir à quel point on est pris pour des cons avec ce genre de daubes.

Bavaria
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le 4 oct. 2010

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