Le biopic est souvent un genre casse-gueule avec une construction super orthonormée et prévisible mais là, Dahan a fait ça bien. Y a du rythme, on navigue constamment entre les différentes périodes de la vie de Piaf.
Chapeau aux maquilleurs, ils ont fait de Marion Cotillard une autre femme, c'est surtout flagrant sur la fin de la vie de Piaf, elle est totalement méconnaissable. A coté de ça, gros casting plein de bons acteurs qui font bien leur boulot : Clothilde Courrau (qui avait chanté Piaf au théâtre) dans le rôle de la mère artiste droguée, Jean-Paul Rouve en père contorsionniste maladroit et cruel, Catherine Allegret en grand-mère tenancière de bordel accariatre, Gérard Depardieu en patron de cabaret homosexuel (j'aime bien ses derniers rôles de vieux mecs un peu perdu), Pascal Greggory fidèle parmi tous et amoureux platonique...
Et puis forcément, il y a Marion Cotillard... Elle m'a bien bluffé, j'ai souvent ri en la voyant jouer Piaf. Sacré personnage, beaucoup d'humeur, d'aplomb, de répartie et de fragilité... Une sacrée tête à claques aussi, consciente de son statut, en usant et en abusant. J'ai pas eu l'impression d'avoir devant moi un personnage tronqué et elle est bien crédible. Quand elle joue Piaf à la fin de sa vie, elle a vraiment l'air d'avoir 70 ans (enfin les 47 ans de Piaf à la fin de sa vie quoi), elle est branlante, épuisée mais toujours avec cette étincelle dans le regard à certains moments...
Je ne connaissais que très vaguement les chansons de Piaf (enfin je les connaissais sans les connaître, un peu comme tout le monde) mais y a de sacrées chansons, et c'était une sacrée interprète (ah en parlant de ça, y a eu des fois où le playback m'a pas convaincu, alors que d'autres, je n'y ai vu que du feu).