Déjà vu ?
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le 23 juin 2017
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Nick Morton est un superhéros qui évite les balles et flaire les bons coups. Donc, quand il va se perdre en Irak et échappe à une armée, c’est pour découvrir une tombe égyptienne super rare. Et ça tombe bien, parce qu’une spécialiste est téléportée sur place avec la cavalerie pour expliquer au spectateur pourquoi la momie est méchante. Ce truc est embarqué aux USA, mais, à la suite d’évènements chelous (visions pseudo érotiques et zombification du copain), l’avion se plante à Londres. Tant mieux, les décors seront moins chers !
Le métier des studios Universal Pictures, c’est de faire du pognon. Donc, à court d’idées comme la plupart des maisons de production, ils ont repris la détestable mode des reboots. Et vlan ! On te refourgue un film d’il y a 10 ans (OK, ici, c’est plutôt 20) avec aux manettes Alex Kurtzman, un scénariste de films d’action qui passe rarement derrière la caméra. Pour attirer le chaland, il faut des stars. Russel Crowe avait visiblement besoin de fric, et Tom Cruise était intéressé par les superhéros fantastiques (il voulait jouer Van Helsing). Bingo, c’est signé ! Tom Cruise en profite pour rameuter Christopher McQuarrie au scénario, un copain qui a écrit et réalisé les Missions Impossible. Quand on peut rendre service…
Seulement voilà, dans un film, il faut une histoire. Pire, il faut l’écrire à jeun. Et visiblement, les scribouillards (ils s’étaient mis à trois, pourtant) étaient complètement déchirés quand ils ont pondu cette immondice. Un remake se doit d’apporter quelque chose de nouveau, comme l’excellent Robocop du talentueux José Padilha. Mais l’originalité ne consiste pas non plus à faire n’importe quoi dans un film.
La première, et la plus grosse erreur de La Momie, c’est de se prendre au sérieux. Les films du genre sont aussi vieux que ceux sur les vampires. Du coup, pour faire passer un scénario conventionnel et parce qu’il est taquin, Stephen Sommers avait opté en 1999 pour l’humour et c’était très bien trouvé. Sa comédie horrifique était plaisante et permettait d’avaler une histoire archiconnue. Pas ici. Ce choix donne non seulement un scénario ennuyeux parce qu’on n’y croit pas un seul instant, mais dégomme le jeu des acteurs.
Annabelle Wallis nous déclame son texte avec une gravité consternée, pose des yeux terrorisés sur tout et ne meurt que beaucoup trop tard dans l’histoire. Tom Cruise n’est pas crédible en voleur et reprend donc son registre de l’agent secret de Mission Impossible ou de Knight and Day, l’humour en moins. Quant à Russel Crowe, il foire dans les grandes largeurs son docteur Jekyll qu’il rend puant de suffisance et de manipulation, tandis que son Hyde ne possède carrément pas assez de sauvagerie (c’est un comble !). Il n’a sans doute pas lu le bouquin. Seule Sofia Boutella joue ce qu’on attend d’elle, à savoir une acrobate qui regarde tout le monde d’un air ambigu.
L’autre erreur, à peine moins hideuse que la précédente, c’est l’adjonction (et l’abus) de zombies. On se fade déjà une momie, monstre qui a usé les pellicules pendant un siècle. Les morts-vivants, c’est pareil en pire ! Et voir des cadavres ultra-conventionnels qui font beuha en claudiquant après les héros, c’est chiant au bout d’un moment. Comble de la faute, le réalisateur insère de l’humour pendant les bastons censées être dramatiques avec Morton qui s’empêtre dans les corps en les frappant. On avait vu le même revirement dans Dead Snow, c’est dire le niveau…
Je passe en vrac tout un tas de détails dégueulasse. On voit le visage de la momie dans la tempête de sable, scène directement pillée sur le film de 1999, mais sans les explications qui vont avec. Morton résiste à la volonté d’un dieu en clignant des yeux ; Bilbo peut aller se rhabiller avec sa lutte contre l’Anneau. Le Dieu des chrétiens est absent et ne protège pas les templiers ; seuls les dieux maléfiques existent. La Scientologie passe ses messages où elle peut… Et la fin ! La fin ressemble à un ersatz de Spawn sans la classe gothic ni les questionnements philosophiques, juste un crétin qui chevauche dans le soleil pas couchant avec son pote ressuscité pour l’occasion. Pouah !
La Momie est une catastrophe aérienne, un crash cinématographique que l’on voit venir dès le début et qui se termine par une explosion de médiocrité. Il est effarant de voir que des studios ont claqué tant de fric dans un tel navet. Si la curiosité vous prend, surtout ne vous risquez pas à perdre deux heures devant cette daube. Regarder à nouveau la série des films de Stephen Sommers démarrée en 1999, c’est autrement plus distrayant.
Créée
le 8 sept. 2024
Critique lue 16 fois
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