Amelia a perdu son mari dans un accident de voiture alors qu’il la conduisait à l’hôpital pour accoucher. Depuis, elle élève seule et avec difficulté son fils de 6 ans. Un jour, elle découvre chez elle un horrible livre pour enfant, Mr Babadook, mettant en scène une créature terrible. Mais malgré ses efforts pour s’en débarrasser, l’ouvrage revient encore et encore chez elle. Amelia fait bientôt des cauchemars où le monstre du livre vient l’attaquer.
Jennifer Kent est une actrice qui, comme d’autres, est passée derrière la caméra. The Babadook est son premier film et la version longue du court métrage qu’elle avait réalisé 9 ans auparavant. Force est de constater que Jennifer Kent était sacrément inspirée pour créer une œuvre d’une telle puissance.
Le film est un huis clos entre la mère, son fils et la créature dont on ne sait pas très bien si elle est réelle ou imaginaire. Essie Davis est impressionnante en mère rongée par la culpabilité. Ses réactions sont millimétrées, entre l’apparence qu’elle s’efforce de maintenir et sa peur qui se mue en agacement à mesure qu’elle prend conscience de la nature profonde du Babadook.
L’ami qui m’avait conseillé ce film (merci, Keeran :) ) m’a expliqué son principe :
Le Babadook est un tulpa, c’est-à-dire une partie autonome de l’esprit d’Amelia. Cette mère en veut à son fils qu’elle tient pour responsable de la mort de son mari, mais refuse en même temps cette rancœur qu’elle sait injuste et irrationnelle. Amelia la projette donc hors d’elle et s’en coupe, ce qui crée une entité immatérielle autonome, douée de volonté et furieuse. Dès lors, le tulpa essaie de posséder Amelia afin d’assouvir son désir de vengeance en assassinant son fils.
Seule la fin est assez ambiguë. En effet, au lieu de vaincre le monstre ou de succomber à ses attaques comme dans ce genre d’œuvres (dans n’importe quel film de fantôme ou de possession), une sorte de trêve est établie, avec ce qui ressemble à un apprivoisement. Le moindre psychologue ou pratiquant spirituel pourra pourtant expliquer combien cette démarche est dangereuse. Négocier avec sa partie sombre est toujours une mauvaise idée. Du coup, une suite serait bienvenue pour savoir comment cela se passera lorsqu’Amelia sera à nouveau (et inévitablement) possédée par la créature et comment son fils réagira.
The Babadook est un bon film d’épouvante original, bien réalisé et pas trop glauque pour être vu la lumière éteinte. Il traite des dégâts que peut faire un deuil non terminé même par les esprits les plus rationnels. Le surnaturel est amené avec suffisamment de subtilité pour faire douter le spectateur. Seule la fin apporte une saveur malsaine et laisse des questions en suspens. Ce n’est pas grave, cela n’enlève rien à la qualité de l’œuvre.