Attention cette critique spoil l'intrigue.


C'est assez étrange de voir les critiques dithyrambiques concernant ce film outre-atlantique. Rendez vous compte,il récolte 97% de critiques positives sur Rotten Tomatoes! C'est tout de même assez rare, et après l'avoir vu, je dois dire que je ne comprends pas bien ce qui lui vaut cette avalanche d'éloges.


N'allez pas croire que je trouve ce film mauvais, la preuve est que je lui octroie de justesse le satisfecit. Néanmoins The Babadook nous sort un drame psychologique sur fond de schizophrénie à tendance infanticide maquillé en film fantastique sans vraiment faire l'effort de la subtilité. Dés la réapparition du bouquin pour la seconde fois, tous les enjeux du film sont clair: La mère pète tout doucement un cable et la rancœur à l'encontre de son fils qu'elle rend responsable de la mort de son mari se transforme en une espèce de folie meurtrière; elle a laissé rentrer le Babadook. Tous les aspects fantastiques ne sont vus que du point de vue de la mère, et on peut donc les balayer d'un revers de main. C'est elle qui projette son fils contre le mur; la scène de la fin à la cave renvoie à sa lutte permanente pour laisser enfermé le Babadook dans sa "cave"; allusion par trop évidente à son coté sombre. C'est une manière pour la mère de combattre ses démons et d'enfermer la haine qu'elle aura toujours à l'encontre de son fils à l'intérieur d'elle même, lui permettant d'aimer son fils comme une mère le doit pour la première fois en 7 ans.
Je suppose que ça doit être cette métaphore à la truelle qui a du particulièrement toucher les critiques, même si je ne me l'explique pas.


Il y a également quelque chose de gênant pour un film d'horreur, c'est que The Babadook ne fait pas vraiment peur. On peut vraiment apprécier le bel effort de la part de Jennifer Kent de ne pas recourir aux traditionnels Jump Scare devenus un symptôme du manque d'imagination du genre, et de plutôt essayer d'installer une ambiance d'effroi. Le problème est que l'effroi vient souvent des zones d'ombres, et à partir du moment où le spectateur a compris que tout se jouait sur le plan psychologique, la fin est fatalement attendue, et les zones d'ombres se dissipent pour ne laisser place qu'à un récit basculant dans le thriller pur, et dénué de la moindre surprise.
Je fais malgré tout partie de ceux qui ont apprécié que le récit prenne son temps avant d'essayer de vous mettre le trouillomètre à zéro, ce qu'il ne parvient jamais à faire, mais les intentions sont louables, et je ne peux pas vraiment reprocher à la réalisatrice ce rythme lent qui installe le récit . Cette lenteur de la mise en place permet également de s'attarder sur le véritable intérêt du film: la relation mère-fils assez complexe. J'ai même trouvé certaines parties particulièrement touchantes, ceci grâce à la très bonne interprétation de Essie Davis, et Noah Wiseman (qui joue son rôle de gamin à problème, qu'on étranglerait avec plaisir, à merveille).


Le fantastique à très souvent été utilisé en littérature et au cinéma pour exprimer les sentiments indicibles qui se terrent dans les caves de nos consciences, et de notre inconscient, et le parti pris de la réalisatrice s'inscrit bien naturellement dans la tradition classique du récit horrifique remontant à Jekyll et Hyde et aux films de loups-garou. On peut pourtant légitimement être déçu de ce Mister Babadook, car il ne parvient vraiment jamais à gérer la dimension fantastique de son récit en étant souvent beaucoup trop clair dans ses enjeux narratifs.


Un film moyen donc, mais que son thème, ses acteurs, une réalisation stylisée, et une ambiance volontairement expressionniste permet de rendre tout de même intéressant. Pas déplaisant dans l'ensemble, mais manquant de tension au final, et qui me semble bien loin du nouveau classique qu'on essaye de nous vendre, même si je lui trouve un petit je ne sais quoi qui lui permet de se distinguer de beaucoup trop de productions du genre ces dernières années. Peut-être que c'est ce qui suffit pour lui attirer autant d'éloges, ce qui s'avère un peu triste au fond.

Samu-L
6
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le 1 déc. 2014

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Samu-L

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