Pas de doute, on est bien chez Tod Browning avec sa présentation d'un cirque rempli de freaks, ou plutôt de faux freaks, dans une introduction malicieuse qui annonce un peu l'ambiance de Miracles for sale (en moins roublard) en dévoilant quelques coulisses de numéros truqués : femme sirène, femme araignée et surtout un numéro inspirée de de Salomé où John Gilbert est sensé se faire trancher la tête devant le public. Mais Tod Browning s'amuse aussi de la cohérence et la vraisemblance en n'expliquant jamais le concept de la tête sur le plateau.
Quand on connaît Browning, on devine très rapidement où va nous conduire le climax : une reprise de ce numéro qui risque de se produire sans trucages dans un grand moment de sadisme où le méchant n'est autre que Lionel Barrymore
Ca sera bien sur le cas, du moins celui de la première partie.
Pendant 40 minutes, The show est une excellente production, avec des personnages ambiguës et troubles, sans véritable héros noble et pure, pour une ambiance de plus en plus tendue et dangereuse.
La seconde représentation de Salomé offre un savoureux suspens à la Hitchcock bien exécuté. Alors qu'on s'attend à se diriger vers un dénouement rapide, voilà qu'on bifurque dans une seconde partie qui semble tout droit sorti d'un film totalement différent avec cette histoire d'aveugle qui demande à se faire lire les lettres de son fils, marin toujours en déplacement à l'autre bout du monde.
Le film devient statique, perd son ironie pour un virage mélodramatique très lourd sur la rédemption et le pardon. Je me suis vraiment demandé pendant 15-20 minutes qu'est-ce que je faisait et ce que Browning cherchait à raconter et comment il allait retomber sur ses pieds... Assez maladroitement avec un nouveau climax hitchcockien, mais davantage grotesque avec un iguane venimeux (?) et bondissant (!?)... Et toujours pas mal de pathos dégoulinant avec cette rédemption via le fils de substitution.
Il va sans dire que je préférais l’atmosphère de la première partie. Dommage aussi pour les comédiens qui font de leur mieux pour rester à la hauteur de leur personnages mais qui semblent se débattre un peu dans le vide par moment.
La production aurait-elle imposée un dénouement différent pour rendre les personnages plus positifs ?