Que retenir de ce plagiat honteux des Dents de la mer ? D’abord, qu’il témoigne de la révolution engendrée par Spielberg en 1976 puisque le cinéaste a non seulement inventé le blockbuster, mais a donné naissance non pas tant à une œuvre qu’à une mythologie depuis perpétuée et abâtardie. Voir La Mort au large sortir sur les écrans italiens à peine cinq années après Jaws prouve à quel point l’œuvre maîtresse fut un raz-de-marée dans le cinéma à échelle internationale. Ensuite, qu’il reproduit un schéma installé par son modèle et qui, depuis, demeure inchangé, à quelques exceptions près. Enfin, la musique, mémorable ! C’est dire que le film d’Enzo G. Castellari ne constitue pas la pire œuvre mettant en scène un requin ; se dégage même une certaine franchise dans la copie qui rappelle ce temps béni où, avec trois bouts de ficelle, on faisait frissonner – ou rire, au choix – une salle. Par son artisanat et le soin apporté au collage d’images provenant de divers documentaires animaliers (quoique l’eau change souvent de couleur), La Mort au large n’a pas à rougir de son requin en plastique qui semble s’égosiller à chaque attaque. On y croit peu, certes, mais on y croit davantage qu’à toutes ces laideurs numériques mal fichues et désincarnées qui peuplent aujourd'hui nos cauchemars filmiques.