On dit que ce n'est pas la taille qui compte lorsque l'on réalise un film, qu'un court métrage peut être aussi divertissant (voire plus, et c'est vrai) qu'un long métrage, ou même que les meilleures blagues sont souvent les plus courtes, mais je n'avais pas trouvé d'exemples de court métrages très court qui valait le coup d’œil et qui pouvait me marquer. Il y a bien des exemples très épars de courts métrages qui valaient le coup d’œil et que l'on trouve que grâce à leurs buzz générés via les réseaux sociaux, mais mis à part certaines créations Youtube comme The Worm (qui par endroit peut conforter l'idée qu'il y a une nécessité d'adopter des codes de Youtube pour mettre en avant de la création en dessous des 10 minutes), peu sont les courts métrages qui n'approchent pas les 15 minutes. Souvent animés par la volonté de tout dire et de profiter au maximum du temps qu'on nous offre dans la limite de ce qui est fréquemment demandé en festival (il est beaucoup plus fréquent de trouver des festival avec une limite maximum de 15 minutes plutôt que 20 par exemple), les réalisateurs se lâchent et cela donnent des courts métrages agréables... mais parfois long. Il est alors réconfortant de regarder des (bons) courts métrages étudiants qui se glissent dans des programmations professionnelles. Les étudiants n'ayant pas une capacité de travail professionnel à cause des cours, et les écoles n'ayant pas les moyens de répondre à toutes les attentes des étudiants sous peine de risquer la banque route, les courts métrages étudiants sont souvent restreint à 7 minutes voire moins. Si cela peut offrir des pastilles très rafraichissantes et stimulantes comme Mum's Sweater du côté des Gobelins, ou même Camille du côté des Ateliers de Sèvres, d'autres ont démontrés que l'exercice n'était pas aussi facile qu'il n'y parait. Gabrielle Selnet, élève de l'école de La Poudrière, s'est essayé elle-aussi à l'exercice avec La Mort du petit cheval, diffusé lors de la rétrospective de la programmation de printemps 2024 des courts métrages soutenus par Arte à la Cinémathèque Française.
4 minutes c'est très court, mais la réalisatrice exploite parfaitement le temps qui lui est confié pour expérimenter et tout donner dans un condensé, jamais indigeste, qui réunirait toutes ses capacités. Déjà en terme de mise en scène, on a une volonté de tester continuellement l'espace, notamment avec le plan d'ouverture qui va travailler la profondeur, qu'elle soit vers l'horizon ou vers la caméra défiant presque le 4e mur avec ce chat qui est prêt à tomber sur le spectateur. Ensuite en terme de réalisation et de direction artistique, mélangeant habilement les codes du western et du cinéma japonais (que ce soit celui de Mamoru Hosoda ou du studio Shin-Ei), le film est magnifique et admirablement tenu de tel sorte que chaque citations et références ne paraissent pas gratuites. Enfin en terme de narration et d'écriture, la réalisatrice arrive parfaitement à faire ressortir le comique de la situation, tout en n'éclipsant pas les côtés les plus dérangeant et perturbants. La limite de temps n'est plus tant une contrainte qu'une force non négligeable pour un récit que l'on peut croire anecdotique mais qui y trouve ses lettres de noblesses.
Malheureusement le format et l'exercice n'excuse pas l’approximation, et que même si la réalisatrice est indéniable douée, il y a tout de même des moments maladroits qui peuvent faire sortir du film. Le climax est très drôle et à la fois glaçant dans son turning point, mais celui-ci arrive de manière trop laborieuse, dans une sorte de reprise plus ou moins habile de la scène de mime dans le premier volet de la saga l'Âge de Glace, qui dure beaucoup trop longtemps pour que cela apporte. Comme dit en introduction, les blagues les plus courtes sont les meilleures, et celle-ci est un peu trop longue par rapport au reste du film qui est admirablement bien rythmé. Cela n'enlève en rien le final qui est très touchant et drôle dans son efficacité qui conclut un très bon premier film qui promet de belles choses dans l'avenir de sa réalisatrice.
15/20
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