Les ouvriers existent... encore
On ne peut pas manger huit heures par jour ni boire huit heures par jour ni faire l'amour huit heures par jour - tout ce que vous pouvez faire pendant huit heures, c'est travailler. [02'20]Cette...
Par
le 9 mars 2023
Le travail au XXIe siècle, c'est aussi ça. Une grande claque dans la gueule. Cinq segments principaux et un épilogue pour décrire quelques parcelles d'une réalité difficile à regarder en face. On aura beau disserter sur l'échantillonnage des lieux, sur le contexte incertain des tâches ou sur la satisfaction paradoxale de ces travailleurs de l'enfer, Workingman’s Death procède à une mise au point sidérante, à la fois simple et fondamentale. Parmi les personnes qui parviendront à regarder le documentaire en intégralité (certains passages remuent vraiment les tripes, âmes sensibles s'abstenir), on peut imaginer qu'aucune n'en sortira inchangée.
Cinq témoignages sur des conditions de travail.
Une mine illégale en Ukraine, dans laquelle s'engouffrent des mineurs qui ne connaissent vraisemblablement pas la moindre claustrophobie.
L'extraction du soufre sur les pentes d'un volcan actif en Indonésie, au milieu des projections et des émanations sulfurées, à mains nues et sans protection évidemment, avec les longues marches dans des paysages d'une beauté renversante (pour l'œil étranger) avec une centaine de kilos de cristaux jaunes sur les épaules.
Près du plus grand abattoir du Nigeria, le bain de sang dans lequel pataugent les bouchers pour la mise à mort des vaches et des chèvres par égorgement, avant de conditionner les carcasses : peau, viande, tête, cornes.
Au Pakistan, un cimetière à cargos immenses que des ouvriers armés de chalumeaux désossent lentement, faisant tomber de gigantesques amas de métal sur une plage.
Les derniers jours d'une usine sidérurgique en Chine où les ouvriers métallurgistes espèrent un avenir meilleur.
L'intention de Michael Glawogger (décédé en 2014 lors d'un tournage au Liberia où il a contracté la malaria) est sans aucun doute de nous confronter à quelque chose d'invisible, à nos yeux occidentaux. Le spectre des conditions de travail observées est suffisamment large pour embrasser des émotions très variées au contact de ces forçats, partagées entre l'horreur et la contemplation. Un électrochoc qui agit par le fond autant que par la forme, sur une base musicale composée par John Zorn, à ranger à côté de Machines, Welcome to Sodom et pourquoi pas Leçons de Ténèbres.
http://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Mort-du-travailleur-de-Michael-Glawogger-2015
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films, Les jalons temporels de ma culture cinématographique, Top films 2005, Pépites méconnues - Films et Mes Documentaires
Créée
le 16 sept. 2021
Critique lue 260 fois
8 j'aime
D'autres avis sur La Mort du travailleur
On ne peut pas manger huit heures par jour ni boire huit heures par jour ni faire l'amour huit heures par jour - tout ce que vous pouvez faire pendant huit heures, c'est travailler. [02'20]Cette...
Par
le 9 mars 2023
Du même critique
Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...
Par
le 20 juil. 2014
144 j'aime
54
"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...
Par
le 10 janv. 2015
140 j'aime
21
Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...
Par
le 8 mars 2014
125 j'aime
11