La Mort du travailleur
7.9
La Mort du travailleur

Documentaire de Michael Glawogger (2005)

Le travail au XXIe siècle, c'est aussi ça. Une grande claque dans la gueule. Cinq segments principaux et un épilogue pour décrire quelques parcelles d'une réalité difficile à regarder en face. On aura beau disserter sur l'échantillonnage des lieux, sur le contexte incertain des tâches ou sur la satisfaction paradoxale de ces travailleurs de l'enfer, Workingman’s Death procède à une mise au point sidérante, à la fois simple et fondamentale. Parmi les personnes qui parviendront à regarder le documentaire en intégralité (certains passages remuent vraiment les tripes, âmes sensibles s'abstenir), on peut imaginer qu'aucune n'en sortira inchangée.


Cinq témoignages sur des conditions de travail.
Une mine illégale en Ukraine, dans laquelle s'engouffrent des mineurs qui ne connaissent vraisemblablement pas la moindre claustrophobie.
L'extraction du soufre sur les pentes d'un volcan actif en Indonésie, au milieu des projections et des émanations sulfurées, à mains nues et sans protection évidemment, avec les longues marches dans des paysages d'une beauté renversante (pour l'œil étranger) avec une centaine de kilos de cristaux jaunes sur les épaules.
Près du plus grand abattoir du Nigeria, le bain de sang dans lequel pataugent les bouchers pour la mise à mort des vaches et des chèvres par égorgement, avant de conditionner les carcasses : peau, viande, tête, cornes.
Au Pakistan, un cimetière à cargos immenses que des ouvriers armés de chalumeaux désossent lentement, faisant tomber de gigantesques amas de métal sur une plage.
Les derniers jours d'une usine sidérurgique en Chine où les ouvriers métallurgistes espèrent un avenir meilleur.


L'intention de Michael Glawogger (décédé en 2014 lors d'un tournage au Liberia où il a contracté la malaria) est sans aucun doute de nous confronter à quelque chose d'invisible, à nos yeux occidentaux. Le spectre des conditions de travail observées est suffisamment large pour embrasser des émotions très variées au contact de ces forçats, partagées entre l'horreur et la contemplation. Un électrochoc qui agit par le fond autant que par la forme, sur une base musicale composée par John Zorn, à ranger à côté de Machines, Welcome to Sodom et pourquoi pas Leçons de Ténèbres.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Mort-du-travailleur-de-Michael-Glawogger-2015

Morrinson
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le 16 sept. 2021

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