Lorsqu’au début des années 90 le producteur Cary Brokaw propose à James Foley de réaliser After Dark, My Sweet d’après un roman de Jim Thompson, le réalisateur du très sombre At close Range accepte sans hésiter. Jason Patric, Rachel Ward et Bruce Dern y incarnent un trio typique du film noir mais ici sous le ciel bleu de Californie. Les éditions Carlotta présentent ce film peu connu dans une version restaurée HD Blu-ray/DVD inédite en France.


Un « noir » signé Jim Thompson
On connait de Jim Thomson son goût pour le cynisme. En témoignent plusieurs adaptations cinématographiques réussies comme Guet-apens (Peckinpah, 1972), Coup de Torchon (Tavernier, 1981) ou encore The Killer Inside Me (Winterbottom, 2010). Dans After Dark, « Kid » Collins est un ancien boxeur qui a fait le match de trop. Il se retrouve au seuil de la clochardisation, errant sur les routes de Californie. Le pauvre bougre a une belle gueule, un corps rescapé du ring et le profil parfait du pigeon. D’un côté, la belle Fay le mettrait bien dans son lit. De l’autre « Oncle » Bud, son amant, verrait bien Collins jouer le gogo de service dans un coup sordide à cent mille dollars.


Sensualité à nuancer
Loin de la psychologie des personnages, c’est la sensualité du film que la promo a mis en avant. Car l’attraction des corps aidant, la belle et la « bête » finissent par s’étreindre. S’ensuivent quelques scènes torrides qui ne sont pas sans rappeler Le Facteur sonne toujours deux fois ou La Fièvre au corps, deux films des années 80 où criminalité et sensualité se conjuguent pareillement. Un registre dans lequel James Foley ne semble pourtant pas le plus à l’aise, l’érotisme annoncé manquant quelque peu d’audace. Un comble pour le futur réalisateur des 50 Nuances.


Jeu de dupes
En revanche, James Foley est particulièrement inspiré lorsqu’il transpose le roman dans le décor aride du désert californien. Point de ruelles sombres ici, de trottoirs mouillés, ni de bistrots mal famés. L’action se déroule sous un ciel bleu immaculé, dans un décor nu et sec. C’est l’Amérique des riches – dont les gosses jouent au golf – et celle des laissés-pour-compte. L’intrigue en elle-même reste très classique : celle du trio infernal, couple complice et amant manipulé. Avec sa démarche balourde et son regard délavé, Jason Patric compose dans ce jeu de dupes un personnage à contre-emploi, à moitié couillon mais faussement naïf, pathétique mais attachant.


Un bon film sous-estimé à redécouvrir.


7,5/10


Critique publiée le 6/06/2021 sur le MagduCiné

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le 11 juin 2021

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Theloma

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