Téléportation insectoïde.
Bien avant "La mèche" de David Kronembourg, il y eu une nouvelle rédigée par George Langelaan, qu'adapta en 1958 le cinéaste Kurt Neumann pour le compte de la 20th Century Fox. Trente ans plus tard, David Cronenberg en livrera une variation phénoménale.
Imaginé comme une enquête cherchant à comprendre les motivations d'une femme au foyer ayant occis son époux à grand coup de presse (ah oui, quand même !), "La mouche noire" souffre dans un premier temps d'une mise en place extrêmement longuette, presque inutile, à tel point que l'on se demande d'ailleurs si elle n'existe pas dans le seul but de donner un temps de présence plus conséquent à la star Vincent Price.
Passé ce long prologue, un flashback nous mène à l'attrait principal du film de Neumann, à savoir les expérimentations du défunt mari (savant de son état, en fait), tentant par-dessus tout de rendre possible la téléportation humaine. Vaste projet qui va forcément partir en live, sinon il n'y aurait pas de film. Ou alors il s'intitulerait "La téléportation réussie du savant heureux" et n'aurait que très peu d'intérêt, si ce n'est de voir un savant heureux d'avoir réussi sa téléportation.
Le pitch de départ, franchement sympathique pour l'époque, ainsi que le travail efficace sur la photographie transcendent ce qui aurait pu être un énième monster-movie, pointant du doigt les dangers de la science tout au long d'un suspense savamment orchestré jusqu'à un final franchement inconfortable.
Dommage dès lors que les nombreuses longueurs et la mise en scène peu inventive de Kurt Neumann (si l'on excepte l'effet "oeil de mouche") ne parviennent pas à hisser "La mouche noire" au rang de classique intouchable. Reste une bonne petite série B de luxe qui préserve ses effets le plus longtemps possible.