11 ans après la mise en scène de sa mort d’acteur dans Gran Torino(2008), Clint Eastwood, 88 ans, n’a pas résisté à se remettre en scène. Dans ce film, de nouveau inspiré d’une histoire vraie, l’attention se porte sur la vie de Earl Stone (Clint Eastwood) un homme qui a dédié sa vie à sa passion, l’horticulture, plus qu’à sa famille. Lorsque se présente l’occasion de se faire de l’argent facile en étant passeur de drogue pour un cartel mexicain, il pense pouvoir se racheter aux yeux de sa famille.


Clint Eastwood propose ici une oeuvre aussi drôle qu’émouvante. Son personnage pratique un art de la “punchline” que seul lui peut encore se permettre rendant son personnage attachant.
Le film joue d’un double point de vue: celui du personnage principal qui travail pour les narcotrafiquants et celui de la DEA essaie de démanteler le réseau comme le faisait la série Narcos. C’est le seul point noir du film à mon sens car la partie DEA est sous exploité et ne peut rivaliser face à l’acting d’un Clint Eastwood en pleine forme qui monopolise l’attention.
La présence de Bradley Cooper au casting n’est pas anodine. Clint Eastwood semble en faire son héritier légitime: après lui avoir offert un rôle de composition à succès dans American Sniper(2014) et lui avoir confié la réalisation de A Star is Born(2018) en tant que producteur et ancien préposé à la mise en scène Sa formation s’achève sur une ultime joute verbale entre les deux acteurs. De plus, son rôle de policier semble être une réminiscence du rôle de Shérif un peu en retrait qu’incarnait Clint Eastwood dans Un Monde Parfait(1994).


Le film vient ici conclure en reprenant brillamment ce que j'appellerais “la trilogie de la rédemption” entamée avec Million Dollar Baby(2004) puis Gran Torino(2008). On retrouve le même archétype d'homme marqué par la vie et renfermé, qui finit par s’ouvrir aux autres pour se racheter. Il est, comme Walt Kowalski, un ancien combattant très attaché à sa voiture (Ford de préférence) qui trouver un dernier souffle pour servir une cause en aidant Thao a s’en sortir. Il est possible d'établir le même constat concernant Frankie Dunn lorsqu’il finit par accepter d'entraîner Maggie.
Dans Million Dollar Baby , son personnage va d’abord essayer de se racheter financièrement avant de simplement donner de sa présence (chose qui n’a pas de prix) lorsque son ex-compagne est souffrante dans le but de réunifier le foyer.


Dans La Mule contrairement à ces derniers films,on ne retrouve aucune trace de l'histoire vraie: ni de carton texte resituant l'histoire, ni images d’archives de la vraie personne ni même de reconstitution comme il l’avait fait dans 15h17 pour Paris(2018). Clint semble s'être pleinement approprié le personnage. Le fait que sa propre fille, Alison Eastwood, joue sa fille dans le film donne un double sens très touchant à tous leurs échanges. Le film parle plus de sa propre carrière que de la vraie personne. Sa passion pour son travail qui passe avant sa famille fait écho à son travail acharné de producteur et réalisateur. D’un homme que seule la mort pourra le séparer de sa passion. Et si tout devait s'arrêter là (chose que je ne souhaite évidemment pas), sa carrière se conclurait en apothéose apaisée.

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le 25 janv. 2019

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Virgile N-F

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