Plus qu'hier mais bien moins que demain...

Alors qu'il avait annoncé ne plus souhaiter se trouver devant la caméra, voici que le vénérable Clint Eastwood, non content de réaliser La Mule, offre sa silhouette dégingandée de quasi nonagénaire devant l'objectif.
Il n'a d'ailleurs jamais manqué de montrer les arabesques que le passage du temps imprime sur son visage et son corps. Ici, ce sont ses mains tavelées, ses bras plissés, sa face ravinée et son regard de vieillard faussement candide qui tentent de séduire le spectateur. Vieil homme désargenté qui se voit faire l'objet d'une saisie de ses biens, il devient par hasard la mule pour un cartel de mexicains musculeux et tatoués. N'ayant jamais accordé le temps nécessaire à sa famille, il avale encore une fois le bitume, cette fois pour ce nouveau "métier" qui rapporte gros.


Clint Eastwood évoque dans cette dernière réalisation en date le temps qui passe et ne se rattrape pas. Il invoque l'importance de la famille et de ne pas laisser se dénouer ces liens du sang, fusse pour son travail. Sa fille, Alison, faisant d'ailleurs partie du casting, illustre dans la vraie vie ce que Clint prône dans son oeuvre. Son personnage fait également écho à son propre passé lorsque, encore jeune acteur en pleine ascension, il passe très peu de temps avec son premier fils (Kyle) qui vient de naître, son épouse s'en plaindra.
Misant sur la séduction, son personnage attire la sympathie, même si ce qu'il fait est moralement répréhensible. Il n'en reste pas moins que le vieil homme fait preuve de contrition et se verra bientôt même pouvoir se racheter aux yeux de ceux qui comptent lors d'une scène extrêmement touchante. La réalisation est sobre, efficace, classique.
Les autres rôles s'avèrent convaincants, à l'instar d'un Bradley Cooper qui accepte la sagesse de comptoir distillée par l'ancien, ce dernier ayant appris de ses multiples erreurs au cours de sa longue existence.


Si ce film n'atteint pas la grâce de certains autres qui l'ont précédé, il n'en demeure pas moins un bel exemple de la sensibilité que cette légende du cinéma recèle encore. Respect, Mr Eastwood !

Apostille
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le 26 janv. 2019

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