Décidément, Wes Craven aura tenté des choses. Après la comédie vampirique et vouons-le, catastrophique, le voilà à la tête d’un projet de chronique écolière à Harlem, tendance guimauve. Ces deux films ont en commun d’exister pour leur interprète central : C’était Eddy Murphy dans l’un, c’est ici Meryl Streep, dans un rôle taillé pour les Oscar (Il lui valu une nomination) puisqu’elle y incarne une bourgeoise abandonnée par son mari, qui décide d’enseigner le violon dans l’école d’un quartier difficile de New York. Histoire d’en remettre une couche sur la corde sensible, le film est tiré de l’histoire vraie de Roberta Guaspari. Bref, on ne voit pas trop ce qui a séduit l’auteur de L’emprise des ténèbres là-dedans, d’autant qu’il tourne ça entre deux Scream. Toujours est-il que La musique de mon cœur, aussi guimauve qu’il soit, n’est jamais désagréable, il déroule son petit programme tout à fait impersonnel (Mise en scène on ne peut plus transparente) sans tomber dans le ridicule – Et l’on sait maintenant combien Craven pouvait aussi y basculer. Mieux, le film est scindé en deux parties et la scission au mi-temps (exactement) est une ellipse de dix ans. La première raconte donc la renaissance d’une femme et du cours de violon dans le programme scolaire. La seconde le combat contre les décisions institutionnelles de supprimer les financements de ce même cours, jugé coûteux et superflu. Au début, les enfants prennent les violons pour imiter des mitraillettes. A la fin, ils jouent au Carnegie Hall, sages comme des images. On est dans une merveille de caricature pour ménagères, le travail, l’amour et la transmission tout ça, et le film est noyé sous les bons sentiments, indigestes à tout point de vue (Des gosses et des violons, purée…) accompagnés en permanence par des plages musicales bien illustratives. Mais c’est mignon, avec beaucoup d’indulgence.