Etrangement, la Mutante 2 est plus ambitieux, plus audacieux que son prédécesseur. On constate cela dès son ouverture : une mission spatiale (américaine, il va de soi) atterrissant sur Mars et y faisant des prélèvements rocheux, sous le regard d’un monde en liesse. Après cette capitale mission de ramassage de cailloux, nos astronautes remontent dans leur navette spatiale pour rentrer au pays. Mais voilà : un de leurs échantillons se dégèle et libère un fluide visqueux qui contaminera un des trois membres d’équipage… Pitch aguicheur, malgré la légèreté de ses moyens (les vaisseaux spatiaux font vraiment cinématique de jeu vidéos…). Mais hélas, on ne retrouvera jamais, et cela pendant tout le film, la recette qui faisait le succès de l’original (de la fesse et du sang). Ici, c’est le gore qui prend clairement l’ascendant sur l’érotisme. Un parti honnête qui aurait pu porter ses fruits, si le scénario avait été plus travaillé. Si l’abondance des effets gores rassure (et c’est pas tout de le dire : bides explosés, enfants difformes, tentacules éventreuses, suicide au fusil en full frontal…), on regrette parfois de les voir débarquer sans prévenir (la partouze à trois, seul moment qui aurait pu se révéler sympathique, cède vite à une grossesse accélérée style Toxic avenger 4). Généreux, mais aussi peu subtil. Si le Mâle trouve ici une vraie présence dans le corps de cet astronaute, et se crée une solide réputation avec le gore dans son sillage, la Mutante (l’attraction principale du film) est bradée pendant les ¾ du long métrage, allant sur les toilettes dans sa cage en verre, refusant de dévoiler ses formes ni ses talents mortels. Un vrai gâchis. Ne parlons pas de Marg Helgenberger, son rôle est clairement atténué, elle qui aurait pu rivaliser en cruauté avec notre bien-aimée Elsa la louve SS, torturant sans relâche Sil (la nouvelle mutante) à des fins expérimentaux. Malgré un rythme vraiment inégal (et des séquences totalement ridicules : le lien télépathique en plein centre commercial), on peut reconnaître au film un dernier acte efficace, pompé en grande partie sur Aliens, ce qui ne surprend pas vraiment, Giger étant toujours derrière les designs du projet, et nous ayant conçu un magnifique Mâle transformé, qui s’il n’égale pas la reine alien du film de Cameron, parvient néanmoins à impressionner au cours d’un dernier combat généreux autant que bancal (la fourche dans la jambe : ouille !). Au final, la seule chose un peu regrettable (mais logique), c’est le dénouement avec le twist attendu, et une moitié du film largement sous développée, qui ralentissent cette série B acceptable et plombent son rythme. Inégal, mais inhabituellement sanglant.