Qu'il est chiant d'avoir des troubles obsessionnels compulsifs de cinéphile (ou ici plutôt de cinéphage) s'obligeant à compléter et achever chaque saga entamée. Que ce soit Halloween, Freddy ou Chucky, on sait où l'on va après un premier épisode souvent devenu culte et un classique du genre. La qualité décline inexorablement mais, à quelques exceptions près, l'ensemble reste plus ou moins cohérent, avec la même ligne directrice. On peut citer le 4e opus de Chucky avec sa fiancée Frankensteinienne en diable, le meilleur épisode après l'original, de la série diront certains. Les 3e et 4e opus de la saga des Griffes de la nuit ont également eux aussi laissé leur empreinte. Même Myers et Voorhees ont signé de sympathiques séries B pour leur quatrième apparition. Pour La Mutante, on est cependant plus proche d'un saut en wingsuit que d'une descente par la piste bleue.
Apparaissant pour la première fois en 1995, ce nouveau personnage imaginé par H.R Giger, le papa d'alien, s'offrait une série B mou du genou mais honnête, et surtout ambitieuse : 35 millions de dollars de budget, Andrzrej Bartkowiak le chef op de Speed à la photo, Christopher Young à la musique et Conrad Buff IV le monteur de James Cameron. Du beau monde pour donner naissance à un nouveau boogeyman horrifique. La suite, nantie du même budget mais confiée à des artistes moins talentueux avait pour elle un côté très direct, bourrin et gore. Douze ans plus, tard, le budget a été divisé par dix et le résultat par cent. Succédant à un troisième film déjà sacrément raté (l'image est d'une laideur assez incroyable), ce nouvel opus fait feu de tout bois et propose un scénario indépendant. Pourquoi pas après tout. Nouveaux personnages, nouvelle localisation, mais même principe d'expérimentation entre ADN humain et extraterrestre. Miranda se pense humaine, mais découvre assez rapidement, par l'intermédiaire de son oncle/créateur qu'elle est en fait née de tests scientifiques. Sujette à des troubles physiques, direction le Mexique pour retrouver un ancien partenaire et la sauver.
Si la première demie-heure fait illusion grâce à la tentative de renouveler la saga, l'arrivée au pays des fajitas signe l'arrêt de mort du film. Une fois tous les éléments révélés, le film n'a absolument plus aucune carte en main. Consommateur de ce genre de productions, on connaît la chanson : acteurs à côté de la plaque, décors cheap et effets numériques made in China. Étonnamment la photo s'en sort pas trop mal avec ses différentes ambiances. Mais pourquoi un vide scénaristique aussi béant dans la seconde partie ? Le long-métrage ne sait plus quoi faire, où aller après son premiers tiers. Ça tourne en rond, incapable de créer de véritables enjeux. Pourquoi cette durée anormalement longue ? Il y a tellement à couper qu'on peut aisément retirer vingt minutes sans nuire au résultat final.
Il serait bon de rappeler à certains réalisateurs que nombreux classiques de l'horreur ne dépassent pas l'heure et demie. Mais surtout, pourquoi un manque d'idées aussi criant ? Un film d'horreur à 3 millions de dollars, d'une saga déjà existante en plus, il y a pas de grand risque en perspective. Réalisateur, amuse toi, tente des choses, sois généreux. Alors oui, La Mutante 4 est généreux en plastiques pas désagréables à contempler, mais pour le reste on cherche encore. Les mises à morts sont rapidement expédiées et graphiquement dégueulasses, la caméra est descriptive comme pas possible et le combat final est imbitable. Elle est bien loin la générosité des séquelles de Détour Mortel, débiles mais tellement fendardes.
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