Bruce Lee vous manque ? Et si son âme perdurait au cinéma d’une autre manière? Après avoir fait une apparition chez le maitre Ip Man, Bruce Lee, sous les traits d'un autre acteur, a droit à une nouvelle adaptation ciné relatant ses exploits. Seulement là, on va de l'autre coté de l'atlantique et posons nos valises à San Francisco, dans les années 60, là où le jeune dragon était encore prof de Kung Fu.
La star qui devenait une légende
La disparition de Bruce Lee aura gardée des nombreuses séquelles dans le monde du cinéma d'arts martiaux. Les années ont beau être passées, l'acteur, son talent et sa philosophie manquent horriblement. Heureusement, au cinéma, acteurs et actrices disparues ne disparaissent jamais vraiment. Après avoir revu le jeune Bruce Lee dans Ip Man, le voila de retour, adulte, dans La naissance du dragon.
Birth of dragon, ou La naissance du dragon, nous plonge en pleine époque où Lee, pas encore la star mondialement connue, enseignait le kung fu à San Francisco et se voyait bientôt confronté à l’arrivée d’un moine shaolin à l’arrivée mystérieuse. Qu’est-il venu faire ici ? Est-ce pour empêcher le petit dragon de partager au monde entier l’art et la philosophie du Kung Fu ? Ou pour ce repentir suite à son sombre passé ? Quoiqu’il en soit, Lee, il est sur ces gardes.
Sous ses airs de film exploitant l’héritage du dragon, ce nouveau film, dans son genre, il est plutôt pas mal. Seulement, l’un des premiers soucis du film, c’est l’exploitation de Bruce Lee. D’une arrogance presque sans égale, presque dédaigneux des traditions et des autres arts martiaux, le personnage, qui se dit être le meilleur de tous, tous arts martiaux confondus, est détestable au point où l’on a cette sensation désagréable que l’intrigue est a de doigts d’en faire l’antagoniste de son propre film. L’envie de voir Wong Jack Man lui mettre la rouste de sa vie histoire de lui apprendre la modestie vous démangera.
Et ce n’est pas tout, Lee fait personnage secondaire, relayé au second plan en mettant plutôt en avant les personnages du sage, de l’humble et mystérieux Wong Jack Man, et Steve McKee, élève de Bruce Lee partagé entre le mode d’enseignement de son maitre actuel et celui de Wong Jack Man, et se retrouvant en prime à tomber sous le charme d’une jeune femme bossant comme prostituée dans un réseau tenu par des mafieux. Encore une histoire de fille, comme toujours !
Je suis venu ici pour maitriser mon orgueil, non pour y succomber.
Parano et arrogant le Bruce Lee ?!
Présence assez bonne pour Philip Ng, prenant donc les traits de Bruce Lee. Petite facette en souriant, célèbre coup de poing sans recul (pas de prise d’élan et pourtant, l’adversaire est projeté à plus d’un mètre de Lee), célèbre cri, on n’a pas à chercher un sosie mais un acteur ressemblant, faisant le job autant dans les moments dramatiques que lors des scènes d’action.
Et il le fait, balançant des coups pieds, jouant des bras et des mains presque de la même manière que le vrai petit dragon. On en a pour son argent. Cependant, Xia Yu, interprète de Wong Jack Man, lui vole la vedette, charismatique, incarnant tout ce qu’il y a de bon dans le shaolin, tout en nous montrant une facette sombre suite à un accident.
Narrativement parlant, oui, on est loin de la qualité d’un Ip Man. Et pourtant, toute la philosophie se dégageant de se film en inspirera plus d’un. Et si quelque chose de bon ressortait de ce combat de coqs entre Maitre Wong et Bruce Lee? Et si l’humilité était le message important du film ? On le redit : les arts martiaux ce n’est pas apprendre à cogner, être un gros dur, mais à se connaitre avant tout.
Coté mise en scène, il y a du très bon, il y a du moins bon. Les combats sont lisibles, les chorégraphies bien foutues respectant le travail de Lee, avec des coups portés qui font mal, des effets de ralentis bien gérés, d'autres séquences accélérées donnent un style original aux combats mais parfois, certaines cascades donnent la sensation d’usage d’effet spécial et là, c’est mauvais, peu crédible, frôlant le « Tigre et dragon ».
L’affrontement tant attendu entre Wong et Lee, on a connu mieux, néanmoins, la différence de style sera plus qu’appréciable. Agressif et nerveux pour Bruce Lee, gracieux et défensif pour Wong. Puis voir un type en tenue de shaolin, souple, virevoltant, contre un asiatique torse nu, le contraste est plutôt pas mal. Autre bon point pour la réalisation et la photographie, ainsi que l’ambiance mi-film asiatique des années 60/mi-film moderne. Quant au dernier quart d’heure, le coté buddy movie asiatique risque de rendre euphorique certains fans d’arts martiaux.
Selon le shaolin du nord, le Kung Fu est une discipline personnelle et
une découverte de soi. Monsieur McKee, le Kung Fu ne se trouve pas
dans les poings, on le trouve dans son âme.
Au final, Birth of dragon, pas mémorable, mais un bon divertissement incluant une philosophie plutôt importante, pratiquant en arts martiaux ou non. On ne sait pas si ce film est à voir comme un biopic véridique ou si c'est une vérité remaniée, mais on passe un agréable moment. Belle surprise pour un DTV n’inspirant pas confiance au départ.