Le Conjuring verse s'étend. Pour le meilleur et pour le pire ?
Car le bestiaire déployé jusqu'ici n'est pas sans charme, à l'évidence, mais est-il assez solide pour supporter à lui seul les dérivés des (messes) aventures des époux Warren ? Rien n'est moins sûr...
A vrai dire, ce n'est pas par là qu'il faudrait chercher les défauts principaux de La Nonne, qui sont finalement assez similaires à ceux dont était affecté, au pif, Annabelle 2 : La Création du Mal.
Ainsi, comme dans le film précédent, on se prend à suivre sans déplaisir une première partie plutôt intéressante est assez bien troussée niveau ambiance, qui lorgnera bien plus vers le film d'aventures horrifique où la menace pèse, où l'attitude des nonnes se baladant encore dans l'abbaye est des plus étranges, et où l'irruption du fantastique est bien amenée. De quoi, à première vue, assurer un intérêt soutenu, quoi.
D'autant plus que le film semble vouloir s'intéresser aux faiblesses de certains de ses protagonistes et promettre ainsi de creuser, de caractériser, de sonder les failles de ces derniers. Hélas, La Nonne s'en désintéressera bien trop vite, se condamnant ipso facto à un scénario peu travaillé et ne laissant au spectateur le seul loisir de suivre des personnages auxquels il est très difficile de s'attacher. D'autant plus que le charisme et les capacités toutes relatives du trio n'aident pas, tandis que le film abandonne, dans une deuxième partie assassine, son côté enquête pour une dérisoire foire du trône fantastique assez small teuf. Dommage.
Alors même que La Nonne exploitait son côté série B, voire Z, en reprenant à son compte nombre d'images et de tics propres aux productions 70's. Sauf qu'elle n'en affiche pas souvent le même charme ou ne suscite à aucun moment la même bienveillance. On se retrouve donc sur l'écran avec une mise en scène qui n'arrive plus à faire éprouver grand chose en vue de la dernière ligne droite, se perdant dans un film de couloirs redondant, trahissant une pauvre production value qui avait pourtant réussi à donner le change jusqu'ici. Pareil pour les attaques de la saleté atrabilaire en titre, trop fréquentes et trop bien cadencées pour faire peur sur l'heure et demi de projection. Alors même que cette saloperie de cornette hantée bénéficie de maquillages spéciaux plutôt bien troussés.
Quant à l'issue de l'oeuvre, elle est d'un classicisme assez triste, alors que le public a pourtant intégré le fait que le démon revient hanter les époux Warren. Parce que La Nonne ne sacrifiera donc pas ses gentils sur l'autel d'un univers qui embrasserait enfin son aspect le plus sombre et sans retour. Notre trio ne pourra donc que survivre à son histoire de possession (brève) et à son affrontement avec le Malin...
Jusqu'à ce que le masqué comprenne (quel con) qu'il était impératif de faire le lien, aussi ténu et crétin soit-il, avec la continuité Conjuring et les conférences de son couple vedette. Cela aura au moins le mérite de faire réaliser au spectateur, un peu désappointé quand même par les promesses non tenues, que le Malin ne l'est pas tant que cela, après tout...
Behind_the_Mask, nonne at all.