La Nonne par toma Uberwenig
J'ai traqué ce film, je l'ai attendu avec impatience, j'avais la foi!
Ca devait être un film au moins efficace, donc flippant, et ça aurait pu être plus, si on regarde l'état de cinéma fantastique espagnol à l'époque, en plein essors depuis la fin des années 90 (même si ça reste timide par rapport à la gloire passée du genre dans ce même pays (oui, Jess Franco, Paul Naschy et les autres, je pense à vous) ).
Balaguero(co-producteur et scénariste du film), en deux films, s'était imposé comme le mètre-étalon de la trouille cinématographique avec la Secte Sans Nom, un des seuls films d'aujourd'hui authentiquement flippant et de grande qualité, ainsi que Darkness, malgré ses personnages moins crédibles et parfois agaçants.
Et c'est justement Darkness qui m'a fait rêver de la Nonne.
En effet, pour présenter son projet aux investisseurs potentiels, Balaguero avait réalisé un excellent teaser, à la rigueur plus efficace que le pourtant bon film qu'est Darkness à l'arrivée.
Mais cette bande-annonce fictive, c'était quelque chose.
Une ambiance tendue, des images à cauchemarder pour le restant de vos jours, largement de quoi réveiller votre peur du noir.
Mais une image en particulier m'a marqué, une nonne au rire démoniaque rampant sur les murs baignés dans l'ombre épaisse et menaçante, avalant lentement le vieux couloir, puis s'accélérant brusquement pour suivre l'horrible nonne se rapprochant de l'écran.
Brrrr...
C'est cette nonne là que j'espérais voir dans La Nonne, ce niveau de qualité graphique que j'attendais, quelques scènes qui se rapprochaient, même de loin, de ce genre de tension.
Au lieu de ça, j'ai eu droit à une tueuse en série avec un sérieux problème d'incontinence (partout où elle passe, le sec trépasse)revenue d'outre-tombe pour se venger.
Slasher movie avec le sang en moins, film d'épouvante avec la peur en moins, film avec l'esthétique en moins, script avec le scénario en moins, bref, toutes les qualités que, même en réduisant notre attente au minimum, nous étions en droit d'attendre s'avèrent absentes.
Que le réalisateur manque de talent, c'est une chose, mais quand on sait le soin particulier que porte Balaguero ne serait-ce qu'à la qualité de l'image dans ses films, on peut s'étonner qu'il ait accepté de sortir cette bouse même pas fumante (parce que la fumée aurait été distrayante 5 minutes, elle, au moins).
Donc oui, on regarde jusqu'au bout parce qu'on espère naïvement qu'une scène va nous faire sursauter, sourire, grimacer, et lorsque l'espoir est mort, on continue malgré tout pour connaitre le fin mot de l'histoire, que s'avère être celui du début, puisqu'on sait tout très rapidement.
Seul un petit artifice, plus une justification qu'un réel retournement nous fait faire "aaaaah, ok...", avant d'éteindre de sortir de la salle en se demandant si on peut se faire rembourser un ticket de cinéma lorsqu'un film s'avère aussi décevant.