Vous êtes vous déjà retrouvé dans une soirée bien arrosée, où tous le monde est raide torché mais PAS vous ? Pour une raison x ou y, vous avez décidé de rester sobre, alors vous regardez vos amis sombrer dans le ridicule d'un œil consterné et affligé tandis qu'eux semblent s'éclater à dire et faire de la grosse merde ...
Eh bien, regarder La note bleue, c'est la exactement la même chose ! Vous voyez des acteurs qui passent leur temps à courir dans tous les sens, à s'agiter, éclater de rire, crier, pleurer, sans aucune raison valable. Sans arrêt, les personnages nous sortent leur petit drame personnel qui est, j'imagine, sensé être émouvant, sauf que ça ne dure que 30 seconde alors le spectateur n'a même pas le temps de comprendre. Puis ils redeviennent tout guillerets et se remettent à courir dans tous les sens en se comportant comme des gros attardés.
Si encore les personnages étaient touchants, ça pourrait passer, mais ici, ils sont tellement IN-SU-PPOR-TABLES que l'on ne ressent que du mépris pour eux. Je vous donne un ou deux exemples :
- La comtesse de Hongrie : Dès sa première ligne de texte et à chaque qu'elle ouvre la bouche, c'est pour hurler comme une groupie que tous les autres sont extraordinaires, magnifique. Elle ne fait que s'extasier démesurément sur absolument tout ce qu'elle voit.
- La Putain d'espagnole chanteuse d'opéra : Alors elle, c'est clairement la personne la plus Détestable que j'ai jamais vu de toute ma vie ! Dans environ un plan sur deux, elle se promène au milieu des autres gens qui parlent en chantant super fort histoire de bien couvrir les dialogues ! A chaque fois qu'elle apparaît à l'écran, elle se sent obligé de montrer qu'elle sait chanter alors elle gueule sans arrêt ses putains d'airs d'opéra, et on entend plus rien à ce que les gens disent.
- Sophie Marceau : Une scène sur deux, elle fait une crise existentielle ridicule, pleurant pendant trois plombes pour des raison absurdes comme ce n'est pas permis ("Maman, tes amis donnent de l'amour, mais ce n'est pas cet amour que je veux, j'en veux du vrai !")
Le pire étant que les acteurs sont horriblement mauvais, alors j'en suis venu à me dire que c'est peut-être volontaire, ce gros foutoir où tout le monde fait n'importe quoi et se comporte comme un abruti fini. Si c'est le cas, c'est nul et ça nous pousse à la régurgitation ! Si j'ai tenu les deux heures, c'est pour deux raisons : Premièrement, par amour pour la musique de Chopin (en l’occurrence très bien interprétée par Janus Ole-Bidule-Truc, sauf les moments où ils s'excite et joue 4 fois trop vite).
La seconde, ce sont les 40 dernières minutes du film. En effet, si les 80 premières minutes nous accable de ridicule affligeant, le dernier tiers nous offre du ridicule amusant. Les acteurs semblent y avoir passé un stade de débilité tellement profond que ça en devient (enfin !) drôle. A nouveau, je vais vous donner des exemples.
Un des personnages, (apparemment le fils de George Sand), est ici interprété comme une énorme tantouze encore plus atteinte que les autres. Outre le fait qu'il se comporte comme la plus affligeante caricature des ados rebelles dans la première partie du film, il passe son temps à jouer avec des poupées à l’effigie des différents protagonistes. Oui, oui, des poupées à qui il fait répéter les phrases prononcées par les vrais personnes quelques scènes plus tôt. Il y a d'ailleurs un passage très perturbant à la toute fin où ils vont tous chercher leur poupée associée et se mettent tous à jouer avec ! Pauvre pauvre Chopin ... tu dois te retourner dans ta tombe ...
Sophie Marceau, quant à elle, roule des pelles à tout le monde et décide même d'épouser un espèce de sculpteur clochard qui est entré dans la maison 10 minutes avant (je n’exagère pas, ils se fiancent réellement au bout de 10 minutes !)
D'ailleurs le réalisateur semble lui aussi avoir craqué lors de ce dernier tiers du film, puisqu'il s'amuse à insérer des espèces de Nazguls rouges et blancs qui se promènent un peu partout dans la maison sans que personne ne les remarque. Rajoutez à cela les amis imaginaires de deux ou trois protagonistes qui bavardent.
Au final, il n'y a que le personnage de Chopin qui semble à peu près normal. En fait, le spectateur se retrouve un peu dans la même situation, à savoir qu'il est entouré d'attardés mentaux qui ne cessent de parler et de hurler en même temps que les autres pour leur couper la paroles. Le pauvre homme malade subit, comme nous, cet entourage insupportable avec passivité.
En réalité, le problème majeur dans La note Bleue, n'est pas tant ce ridicule constant car j'ai bien mit 9/10 à Lisztomania qui est infiniment pire dans le genre "N'importe quoi ridicule", mais plutôt le fait que celui-ci se prenne au sérieux et tente vainement d'être émouvant. Au moins, Lisztomania nous offrait de l'absurde assumé, volontaire, et réussi ; Ici, c'est probablement l'un des plus gros échecs qu'il m'ai été donné de voir !
Je met tout de même 3 parce que le pétage de plomb général à la fin est assez amusant (au second degré, bien sur)