La nouvelle Eve, c'est Camille, modèle de jeune femme moderne, affichant son mépris du couple et multipliant les aventures. Mais cette liberté que Camille revendique et qu'elle consume dans des relations médiocres n'est-elle pas plutôt l'aveu de son instabilité, de son incapacité à aimer? Lorsqu'Alexis entre dans sa vie, la nouvelle Eve joue son rôle de tentatrice, comme jadis semble dire ironiquement Catherine Corsini.
Le portrait de cette célibataire de 30 ans se nourrit d'indices psychologiques et sociaux très juste tout en préservant le caractère de comédie que détermine le personnage de Karin Viard à travers ses contradictions, son existence stérile ou, plus précisément, ses piteuses tentatives, maladroites et cocasses
(comme militer pour le PS!),
pour attirer l'attention d'Alexis, marié, deux enfants. Karin Viard, pleine de vitalité et de drôlerie, est remarquable dans ce rôle.
Mais d'où vient que progressivement le sujet nous lasse un peu? Probablement de la mise en scène, impersonnelle, semblable à celles qui, décrivant un personnage et son évolution, composent une succession trop uniforme de tranches de vie exclusivement consacrées à l'identification du personnage. C'est le syndrome trop courant d'un cinéma français qui se préoccupe de construire un personnage au détriment d'une histoire, qui favorise le contenu et le sens plutôt que la forme et le style.