Robinson en milieu urbain, cela raconte au fond une chose grave, qui est très actuelle de nos jours. Mais sans aller jusque là, l'isolement, la solitude vécue après un moment de la vie où l'on ne désire plus personne, c'est très impactant.
Ce film relève plus de l'expérience sensorielle que d'un sens précis. Il ne raconte pas grand chose, il n'est pas vraiment saisissant ou émouvant, ce n'est pas non plus un plantage - et c'est déjà un exploit que ça ne le soit pas en France - il vaut pour son expérience. Je suis sorti de la salle, pas convaincu du tout, cela importe peu à vrai dire, mais hors de la salle, c'était samedi soir : y'avait un public nombreux. Dans la rue, même chose. Se retrouver seul pendant plus d'une heure puis brutalement ébouillanté par la multitude, ce contraste était fort troublant, j'ai mis plusieurs dizaines de minutes à émerger. Du coup c'est assez intéressant alors qu'on est un peu écarté dès le début. Le film gagne en épaisseur par la suite parce qu'il y a un sentiment qui le traverse. Que ce sentiment soit désaccordé, cela n'empêche pas d'entendre l'intention de la note, la texture de la touche singulière.
Quelqu'un derrière moi a dit une chose très juste : si Denis Lavant avait été remplacé par un autre, cela n'aurait aucun intérêt.
Musique au top. Affiche au top. Maquillage très très bon. Tourné au coeur de Paris, GG. Casting chouette. Pas trop esthétisé, bon point. C'est juste peu dense et un peu trop fragile.