Un mâle aimé dans la nuit
Le film n’a rien d’exceptionnel mais se laisse voir sans déplaisir en raison d’une intrigue bien construite, à l’ambiance noire (où dominent les scènes nocturnes, éclairées par l’américain Jack...
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le 4 nov. 2021
Gavaldon joue la carte "film noar" et s'y plonge corps et âme, embrassant une noirceur qui apparait pour le coup très artificielle. On en vient presque à se demander si le film est à prendre au premier ou au second degré tant la misanthropie est de mise à chaque scène. Le protagoniste est ainsi un être haïssable, méprisant, hautain et arriviste qui ne connaît pas la moindre rédemption ou tentative de rachat. Sa seule qualité est pour ainsi dire de reconnaître son cynisme, d'où une certaine honnêteté.
Le choix d'en faire un héros est pour le moins courageux. On en vient presque à savourer la spirale de mésaventure dans laquelle il se plonge à la fois volontairement et passivement. En face, il n'y a pas grand chose pour contrebalancer cette galerie grinçante, si ce n'est une jeune fille naïve et qui sera loin d'être innocente à la fin du film. Ce sont d'ailleurs les personnages féminins qui sont les plus épargnés, souvent victimes d'un monde sans pitié comme l'ancienne maîtresse du sportif, personnage pathétique assez touchant. C'est sur ce point que le film dévie un peu du cahier des charges "film noir" puisqu'on y recense aucune vraie femme fatale.
Sinon on croise des bootlegers minables, un gangster qui se voudrait raffiné mais dénué de charisme et dont les hommes de mains sont ridicules. Et quelques policiers à l'ouest.
Rien à redire sur l'ambiance et l'atmosphère tendue et poisseuse qui s'installe dès le début avec un match de pelote basque bien monté, sans musique, au mixage très brut, sans lissage qui crée déjà un sentiment de violence et de menace. Le sport est assez bien choisi pour illustrer le futur du héros, qui s'évertue ainsi à renvoyer des balles contre un mur, plutôt que directement à ses adversaires. Une manière de montrer que le destin (la fatalité ?) a aussi sa responsabilité.
A part cette ouverture originale, la première moitié souffre de son personnage détestable mais prend un tournure savoureuse par la suite avec le second match qui rabat les cartes. Ça devient alors très rythmé pour un humour noir délectable et à l'ironie mordante (et qui donne envie de croire que le cinéaste est conscient de ce second degré presque auto-parodique). Les situations s'enchaînent sans temps mort avec pas mal de moments improbables, et quelques ruptures de tons plus sombres, voire désespérée via l'ancienne maîtresse.
Loin d'être fin, crédible et le plus ambitieux, ou maîtrisé, film de son auteur mais on s'y amuse beaucoup jusqu'à la dernière séquence qui résume l'imagerie "salle gosse" du film.
Créée
le 19 juin 2018
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