La Nuit de San Lorenzo par Cinemaniaque
Les films qui montrent la vie de civils durant la Guerre ne sont curieusement pas légion, même si de ce point de vue l'Europe s'en sort mieux que les USA pour qui la guerre doit être un spectacle onirique et non humain avant tout. La démarche des Taviani n'est donc pas inintéressante, s'attarder non pas sur quelques personnes mais bien un village dans son ensemble, lors de la fameuse nuit de San Lorenzo où la moitié d'entre eux périront dans une attaque en traître des Allemands avant l'arrivée des Américains. Pourtant, je dois avouer ma déception. Est-ce parce qu'ils ont vécu la guerre que les frères manquent totalement de recul sur le sujet ? Outre des faiblesses narratives (vouloir raconter l'histoire du point de vue d'une enfant et ne pas s'y tenir sur le long terme), le film souffre d'un cruel manque d'attachement envers les personnages. Dans Allonsanfan ou Padre Padrone, les Taviani avait eu l'intelligence de donner au groupe filmé une figure majeure, mais ici rien, que des visages anonymes, dont on ne sait pratiquement rien si ce n'est vers quoi ils se dirigent. Même Omero Antonutti, figure majeure du cinéma des Taviani, ne parvient pas à transcender son personnage pourtant le plus intéressant d'un point de vue mélodramatique. C'est dommage car les frères ne manquent pas de lyrisme (le film s'apparente en grosse partie à l'Odyssée d'Homère revisité) et la musique de Nicola Piovani ne fait que renforcer ce sentiment. Mais à trop viser haut et à trop manquer de recul, les Taviani ne parviennent qu'à raconter une histoire qui nous effleure, qui peut nous toucher voire nous émouvoir mais qui ne pénétrera pas en nous. Dommage car tout était là.