Un évènement marquant de ces années difficiles qui bouleversèrent la société française et l'histoire universelle, vécu par deux écrivains libertins sur le retour, emblèmatiques des décénnies pré-révolutionnaires.
Ceux qui ne les ont pas connues, selon Talleyrand, ne savent pas ce que c'est que le bonheur de vivre.
Restif de la Bretonne (Jean-Louis Barrault) et Giacomo Casanova (Mastroianni) égaient la compagnie (surtout féminine) de la voiture qui les mène à Metz par leur propos badins, dont la magnifique Hanna Schygulla (peut-être mieux que dans Maria Braun, sans doute l'accent) laquelle campe une dame de compagnie de Marie-Antoinette.
Ils ne savent pas qu'ils sont en train de suivre le "fil de l'Histoire" (avec un grand H), à part le matois Restif, lequel a rejoint cette côterie car il a flairé que la belle Autrichienne de l'équipée le conduira vers quelque scoop d'importance, et c'est le cas puisqu'ils iront jusqu'à Varennes où Louis XVI sera reconnu avec sa famille alors qu'ils tentent de rejoindre Montmédy, place-forte où la "riposte" contre la France révolutionnaire devait être organisée par le très conservateur Marquis de Bouillé.
Un voyage qui nous montre la perfection de cet art de la conversation que le XVIIIème siècle avait érigé au rang d'institutions nationales, et les doutes que créent cette fin de siècle, très poignants dans le discrédit que jette Casanova sur les bouleversement de la décennie et son amour pour l'âge d'or des Salons lorsqu'il se dégourdit les jambes après quelques heures de voyage. Et des dialogues finements ciselés sur l'amour, le mensonge et le passé. Une histoire finalement assez tragique présentée comme un spectacle de marionnettes par des forains Italiens qui l'ouvre et la ferme.
Sans oublier un casting assez impressionnant : en plus de Mastroianni, de Hannah Schygulla et de Jean-Louis Barrault sont présents Jean-Claude Brialy, Monsieur Jacob, perruquier efféminé et irritable qui aurait pu vivre une aventure avec le très polyvalent GIacomo, Daniel Gélin, de Wendel, riche industriel lorrain, Harvey Keitel, Thomas Paine, Britannique devenu citoyen américain pour sa prise de position en faveur des insurgés d'outre-atlantique, chaud partisan des idées nouvelles qui commence à s'inquièter de la haine aveugle qui peut habiter le peuple de France à qui il veut faire connaître les bienfaits de la liberté, Jean-Louis Trintignant, Jean-Baptiste Sauce, épicier-chandelier modéré qui accueille le Roi démasqué à Varennes, joué par Michel Piccoli (dont on n'aperçoit, il est vrai que les collants de soie noirs et les souliers vernis).
Il est vrai qu'après avoir visionné une telle oeuvre, je m'étonne que sur cette agora, pourtant bavarde, elle n'est pas été plus glosée et c'est pourquoi je sors de ma réserve.
Manclédu13
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le 17 sept. 2012

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