Qu'y a-t-il de mieux que la fête de Halloween pour une série de meurtres ? D'un point de vue téléologique, une ambiance parfaite pour lancer le slasher au cinéma sobrement et efficacement. Où réside la réussite du film ?
La mise en scène est réduite à son usage le plus nécessaire, c'est à dire à servir un récit fonctionnel et à créer le suspens, l'effroi et le sursaut. L'ayant découvert que très récemment, il apparaît prodigieux que le film n'est pas perdu de son efficience. Noyé aujourd'hui dans le fleuve du genre slasher et dans l'océan du cinéma d'horreur toujours plus vrai, il se distingue si aisément que cela en est perturbant, à l'image du film. L'atmosphère pesante et vespérale sert la narration qui se veut simple et attendue mais néanmoins surprenante. Paradoxal effectivement, de savoir que ces jeunes personnages sont amenés à mourir, mais à quel moment, et comment ? C'est là que se fonde l'efficacité du film qui est prévisible, car s'il y a psychopathe il y a victimes, mais par quels procédés vont-elles être exécutées ? Par de bonnes idées. Une fausse piste dans la buanderie, un drap offrant une silhouette fantomatique non-identifiable. John Carpenter n'a pas choisi la facilité, afin de proposer une oeuvre novatrice.
Une oeuvre novatrice et aussi cohérente. Malgré des choix de personnages discutables, la cohérence ne se voit pas entamée. Un protagoniste diégétiquemment con est en effet acceptable. La narration linéaire est fonctionnelle s'achevant sur une fin quelque peu abrupt. Ouvrant à une (plusieurs) suite(s), ce qui laisse un peu pantois. Légèrement décevant de rester dans l'incompréhension, ce tueur en série est-il increvable à l'image du succès du film ? Les attaques lui font mal, mais il survit. Peu importe l'aiguille, le cintre, ou le couteau ou le revolver, il se relève. Pour mieux revenir. Reconnaissable à sa face blanchâtre mis à l'honneur parmi les citrouilles, décision du metteur en scène peu extravagante en vue des choix possibles pendant la "nuit des masques". C'est à ce moment qu'on remercie le film de ne pas en faire trop.
John Carpenter, minimaliste qu'il est, et décidément touche-à-tout, nous offre un scénario pertinent co-écrit et une musique cinglante offrant un leitmotiv angoissant composée, par ses soins. Le tout mis en forme par des plans réfléchis, du plan séquence d'ouverture aux plans de Michael Myers dans l'obscurité, soulignés par une lumière lugubre.
Quelques défauts à relever toutefois, comme un respect un peu léger de la physique à certains moments, notamment la force de l'antagoniste qui brise une vitre de voiture d'une claque et la mort de l'adolescent fixé au mur par un couteau. Le personnage du médecin assez inutile au long du film, irréfléchi comme le service de police. Également des plans parfois gênants, voir ridiculisants du tueur ; "je te regarde et je me cache derrière le buisson". Rien de très alarmant en soi.
Hormis cela, Halloween est finalement, un massacre dans une banlieue paisible, que le realisateur rend agréable à regarder : un film à voir.