Jean Rollin, devenu culte, est un réalisateur à fantasmes, d'abord les siens et ensuite ceux de tout spectateur masculin hétéro. Le film débute par le gros fantasme de l'automobiliste qui circule la nuit et qui rencontre une femme perdue, à moitié nue (Brigitte Lahaie), amnésique, qui ne mettra pas une heure avant de coucher avec lui, ce qu'elle aura oublié le lendemain. Je suppose qu'à sa sortie et avant la VHS, ce genre de film était destiné aux salles glauques et que Rollin devait assurer un cahier de charges avec une femme à poil toutes les 10 minutes, ce qu'il réussit sans problème. Chaque situation est prétexte à dénuder et sa caméra a souvent tendance à s'éterniser lors de ces scènes. Mais malgré un budget minuscule, Rollin parvient néanmoins à installer un certain climat au travers de scènes étranges. La ville déserte et les grands immeubles sont angoissants. Involontairement et avec 30 ans d'avance, il réalise au moyen de son film une métaphore de la maladie d'Alzeimer. Malheureusement, les acteurs sont souvent très mauvais et ont pratiquement tous des tronches à jouer dans des films pornos (ce qui était d'ailleurs peut-être le cas). Les dialogues sont bidons et déclamés d'une voix monocorde, le regard vide et absent. Brigitte Lahaie ressemble plus à une victime d'AVC qu'à une amnésique. Bon, bref, ce n'est pas complètement nul mais ce n'est pas loin.