Seul film de loup-garou produit par la Hammer, c'est une adaptation d'un roman situé à Paris pendant la Commune, dont l'action a ici été transposée dans l'Espagne du XVIIIème siècle par des contraintes de production. On y découvre Oliver Reed au début de sa carrière dans le rôle de Léon, l'infortuné héros de cette histoire.
Terence Fisher qui vient de réaliser de gros succès, Frankenstein s'est échappé en 1957, le Cauchemar de Dracula en 1958, le Chien des Baskerville et la Malédiction des pharaons en 1959, était tout désigné pour ce projet. Il s'inspire du film américain le Loup-garou réalisé en 1941 par George Waggner, l'intrigue n'est donc guère originale, mais Fisher se démarque en insistant sur le caractère humain de la créature victime d'une malédiction, d'où le titre anglais the Curse of the werewolf.
Le film est un peu long à démarrer parce que Fisher et son scénariste découpent l'intrigue en 3 parties : l'origine au château du vieux marquis, être répugnant et vil qui fait jeter au cachot un pauvre mendiant ; l'enfance de Léon, résultat du viol de la servante dans le cachot ; et la prise de conscience de Léon une fois adulte, de son état en dualité avec son amour pour la fille de son patron. Cet amour est d'ailleurs amené un peu trop vite, et la fin est un peu expédiée. Tout ceci doit tenir en 82 mn, d'où le fait que les 2 premières parties soient certes importantes pour comprendre la malédiction et l'évolution de Léon, mais qu'elles soient aussi un peu étirées en retardant la troisième partie. Celle-ci est donc la plus intéressante, avec un Oliver Reed bien impliqué dans son rôle et aidé par un maquillage adéquat.
La mythologie lycanthropienne s'installe alors avec des éléments traditionnels vus dans d'autres films de loups-garous. Fisher prend soin aussi de rendre Léon attachant malgré sa dualité et son atroce constat, ainsi la capture du monstre devient nécessaire et provoque l'empathie du spectateur lors du dénouement. Fisher décrit également un milieu social de nobles et de petites gens qu'il renvoie dos à dos, de même qu'il offre une vision romantique et manichéenne de la lycanthropie, car le seul moyen pour Léon de guérir son mal est de trouver l'amour véritable. A cela s'ajoute une dimension poétique qui rappelle la souffrance endurée par Léon.
Au niveau des Fx, les effets sont peu spectaculaires, il n'y a pas ici de transformation à vue comme dans le Loup-garou de Londres de John Landis, les plans de transformation sont réalisés en fondus enchaînés, mais le maquillage effectué par Roy Ashton est très réussi, non seulement sur le visage de Reed, mais aussi sur le corps entier, avec torse velu, oreilles pointues, ongles, poils, crocs et sang qui dégouline de la bouche. Le film avantagé par une esthétique soignée digne du studio Hammer, constitue une série B de luxe qui s'inscrit parmi les meilleurs films du genre.
Pour les amateurs d'insolite, à noter qu'on aperçoit Desmond Llewelyn, le Q de la saga James Bond, dans un petit rôle de domestique.