L’électro, la pègre et un homme vivant une histoire d’amour impromptue pourrait faire de La nuit venue, un Drive à la française neuf ans plus tard. Il y a cependant dans le film de Frédéric Farrucci d’autres intentions. Jin, son anti-héros chauffeur de VTC, est la quintessence de l’homme exploité par son métier et sa communauté.Il mène une existence trop bien réglée avec des rituels immuables. Son envie de liberté s’exprimant déjà dans la musique, sa rencontre avec Naomi ( une utilisatrice de VTC pas comme les autres) va le confirmer dans le but de se créer une place au soleil. C’est ce courage de Jin de couper avec un quotidien morbide ( où ses collègues tombent n’en pouvant plus de leurs conditions de vie) qui va le pousser à trouver une nouvelle respiration.Même si toutes les destinées de ces travailleurs ( sans-papiers pour la plupart) sont à sens unique et que Jin et Naomi s’autorisent un amour impossible, la Nuit venue a la bonne idée de montrer des moments d’entraide et d’espoir pour que l’ambiance ne soit plombée sur la longueur du film. On sait intérieurement que le dénouement sera tragique car l’individu prisonnier ne peut s’échapper de sa condition. Je vous conseille La Nuit venue si vous aimez un cinéma faisant ressentir au delà de ce qu’il montre. Sa vocation de ne pas choisir entre le point de vue social, la romance ou la description d’une pègre, lui permet de proposer au spectateur un éventail d’expositions à la fois différentes mais en résonances. Un dosage approprié où la surenchère est absente. Et on se dit à la fin de la séance que la proposition fut convaincante.