Destinées à sens unique et amour impossible

L’électro, la pègre et un homme vivant une histoire d’amour impromptue pourrait faire de La nuit venue, un Drive à la française neuf ans plus tard. Il y a cependant dans le film de Frédéric Farrucci d’autres intentions. Jin, son anti-héros chauffeur de VTC, est la quintessence de l’homme exploité par son métier et sa communauté.Il mène une existence trop bien réglée avec des rituels immuables. Son envie de liberté s’exprimant déjà dans la musique, sa rencontre avec Naomi ( une utilisatrice de VTC pas comme les autres) va le confirmer dans le but de se créer une place au soleil. C’est ce courage de Jin de couper avec un quotidien morbide ( où ses collègues tombent n’en pouvant plus de leurs conditions de vie) qui va le pousser à trouver une nouvelle respiration.Même si toutes les destinées de ces travailleurs ( sans-papiers pour la plupart) sont à sens unique et que Jin et Naomi s’autorisent un amour impossible, la Nuit venue a la bonne idée de montrer des moments d’entraide et d’espoir pour que l’ambiance ne soit plombée sur la longueur du film. On sait intérieurement que le dénouement sera tragique car l’individu prisonnier ne peut s’échapper de sa condition. Je vous conseille La Nuit venue si vous aimez un cinéma faisant ressentir au delà de ce qu’il montre. Sa vocation de ne pas choisir entre le point de vue social, la romance ou la description d’une pègre, lui permet de proposer au spectateur un éventail d’expositions à la fois différentes mais en résonances. Un dosage approprié où la surenchère est absente. Et on se dit à la fin de la séance que la proposition fut convaincante.

Specliseur
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films 2020 et Les meilleurs films de 2020

Créée

le 26 juil. 2020

Critique lue 330 fois

Specliseur

Écrit par

Critique lue 330 fois

D'autres avis sur La Nuit venue

La Nuit venue
Val_Cancun
6

C'est beau une ville la nuit

Impossible de ne pas penser à "Drive" devant cette version sino-parisienne du film de Refn, située dans la mafia chinoise des VTC clandestins. On retrouve en effet la même ambiance urbaine nocturne,...

le 9 nov. 2021

10 j'aime

La Nuit venue
Cinephile-doux
6

Toutes les existences sont grises

Paris, la nuit. Toutes les existences de ceux qui y travaillent sont grises. Exploitation, esclavage moderne de la main d’œuvre et des corps. La nuit venue, premier long-métrage de Frédéric Farrucci,...

le 14 juin 2020

8 j'aime

La Nuit venue
JanosValuska
7

La nuit du carrefour.

Voici un très beau premier film, qui compense sa narration vaporeuse de premier long métrage par un bel appétit formel, captant un merveilleux Paris nocturne, tout en utilisant très judicieusement la...

le 9 févr. 2021

7 j'aime

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

#JeSuisLà
Specliseur
7

La destination plus que le voyage

Jesuislà est un film retors car les vingt premières minutes du film ne vous préparent volontairement pas à ce qui va suivre. En effet, le spectateur a tout juste le temps de se baigner dans la vie de...

le 7 févr. 2020

19 j'aime