La Onzième Année
7.6
La Onzième Année

Documentaire de Dziga Vertov (1928)

Symphonie industrielle et chant des travailleurs

Au sein du travail de Dziga Vertov, "La Onzième Année" se situe beaucoup plus près de "L'Homme à la caméra" (1929) que de "Ciné Œil - La Vie à l'Improviste" (1924), au sens où tous les efforts de mise en scène parviennent à s'assembler de manière constructive, et non bordélique, pour former une matière cohérente à la gloire de l'industrialisation triomphante de l'Ukraine. Pour la célébration du onzième anniversaire de la révolution d'Octobre, Vertov s'attache à montrer la construction d'une centrale hydroélectrique sur le Dniepr à l'aune des centaines d'ouvriers au travail. On est dans la définition même du cinéma de propagande soviétique, avec l'enthousiasme débordant qu'on connaît pour fêter les accomplissements du peuple, dans la droite lignée de films à venir comme "Komsomol ou Le Chant des héros" (Joris Ivens, 1933) : il s'agit de capter les bolchéviques à l'œuvre, d'admirer l'idéologie avançant à grands pas et la construction d'un projet aussi politique que pragmatique. Un film, encore un autre, à la gloire des bâtisseurs.


L'occasion d'osciller entre les scènes classiques du travail manuel de l'époque, entre les mines et les usines sidérurgiques, entre l'acier et le charbon, en passant à travers toutes les strates de cet univers qui communiquent de manière presque merveilleuse, dans les souterrains, à la surface et dans les airs. De la même façon les différentes époques communiquent entre elles, le passé avec le squelette scythe vieux de plusieurs milliers d'années, le labeur de la fourmilière au présent, et naturellement la projection dans un futur heureux promis par l'idéal socialiste en exergue. On pourrait ainsi résumer "La Onzième Année" à un ballet de pistons et de cylindres, à un déferlement de machines qui tourbillonnent et participent toutes en chœur à la modernisation de l'URSS, le tout composant une symphonie industrielle hypnotique dans l'air du temps (Ivens, Ruttman, etc.). Une époque où l'homme et la machine avançaient ensemble et dans la même direction.

Créée

le 20 déc. 2022

Critique lue 56 fois

2 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 56 fois

2

D'autres avis sur La Onzième Année

La Onzième Année
Moizi
8

Communisme nous voilà !

Ce qu'il y a de génial avec Vertov et je le répète à chaque fois que je vois l'un de ses films, c'est qu'il montre le peuple au travail. Chose que l'on a pas le droit de montrer de nos jours,...

le 16 févr. 2016

2 j'aime

8

La Onzième Année
Serge-mx
7

Premier documentaire ukrainien

Le premier des trois documentaires réalisés par Dziga Vertov pour les studios VUKFU (comité pan-ukrainien du cinéma et de la photo) est un précieux témoignage sur les conditions de travail à cette...

le 4 févr. 2023

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

144 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

139 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11