Bah en fait... Comment dire... On dirait que la réalisatrice s'est contentée de lire le résumé figurant sur la quatrième de couverture et en a fait un film de plus de deux heures. Il n'y a absolument aucune substance ; la colonne vertébrale du récit est aseptisée, lissée et ponctionnée au possible. Il ne reste qu'une romance mélodramatique sirupeuse et un procès totalement accessoire et fonctionnel.

Pour que j'aime un film, il faut que j'y croie. L'accroche narrative ici repose sur la dureté de la vie Kya. Or je n'ai jamais, pas une seule seconde, ressenti la moindre âpreté, la moindre viscéralité, la moindre rudesse se dégageant de la narration. On nous dit que Kya est une marginale totalement ostracisée qui en a bavé dans la vie. Ah bon ? Ce n'est pas du tout ce que j'ai vu à l'écran. J'ai vu une nana qui s'en sortait plutôt bien et qui ne souffrait pas particulièrement. À la limite, ça ne serait pas un problème si la caractérisation n'était pas aussi superficielle. Et c'est bien là qu'est le hic : Kya est la protagoniste mais son aura ne dépasse jamais celui d'un archétype mélodramatique de téléfilm. Tout comme les autres personnages, elle n'est qu'un pion destiné à faire avancer l'intrigue et non une individualité à part entière. Et c'est triste à dire mais je suis incapable de ressentir de l'empathie pour quelqu'un qui ne m’a jamais donné l'impression d'exister. Après, Daisy Edgar-Jones charrie toujours plus de présence que les deux Chad (j'ai même pas envie d'aller chercher leurs noms sur Google) dont elle s'amourache.

Honnêtement, j'ai du mal à cerner le propos du long-métrage d'Olivia Newman tant tout est survolé, à peine évoqué, traité à la va-vite, bourré de jumps narratifs drainant réalisme et crédibilité. Encore une fois, moi ce que j'ai vu à l'écran c'est 60% de galoche, 30% de film de prétoire au déroulement des plus anecdotiques et 10% de marais (sans conteste la meilleure partie). Je n'ai pas vu de discours sur la différence, je n'ai pas vu de discours sur le communautarisme, je n'ai pas vu de discours féministe. Que reste-t-il dès lors ? Une belle photographie Instagram et quelques jolis mouvements romanesques de caméra. Tout ça est bien trop propre et scintillant... JE VOULAIS DE LA CRASSE ET DE LA SUEUR, JE VOULAIS SENTIR LES MARAIS ! LES ASPÉRITÉS C'EST LE CINÉMA QUE DIABLE ! Même l'affiche n'a aucune personnalité.

L'erreur fatale est d'avoir voulu raconter tout le bouquin en 125 minutes au lieu de se focaliser sur une section spécifique du roman. L'esthétisation à outrance est un autre faux pas. La laideur du réel, parfois, ça a du bon.

PS : Le twist final est juste capillotracté. Comment le spectateur est censé avaler ça sans aucune illustration visuelle ?

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le 21 août 2022

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Tex_AS

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