Là où les putains n'existent pas
7.1
Là où les putains n'existent pas

Documentaire TV de Ovidie (2018)

Bof.


J'en ai un peu ras le bol de cette ambiance pro-suède qui ne fait que s'amplifier depuis l'arrivée de la petite Greta sous les feux des projecteurs. Cela fait quelques temps déjà que l'on nous gave avec la perfection du pays nordique ; peu de crimes, système d'éducation novateur et sans faille... de la vraie propagande. Comment croire qu'un pays puisse être parfait ? Qu'un gouvernement ait trouvé un système infaillible où tout le monde il est content ?


Avec ce docu, j'espérais donc une remise en question pertinente. Malheureusement, Ovidie fait l'exacte inverse et joue donc au même jeu que les hardis défenseurs de la Suède : elle ne fait que comparer le pays à un régime totalitaire, ne semble y trouver que peu ou pas de choses positives au pays. Mais merde : un système ne peut pas non plus être complètement pourri, il y a forcément des choses positives. Pire, Ovidie en profite en quelques occasions pour ramener le tout à son féminisme combattant, l'homme blanc, gouverneur de notre cher patriarcat est le vrai problème. Elle nous assène ses quatre vérités sans même chercher à les démontrer, le déclarer est suffisant quand on parle d'une prostituée ayant tout perdu au profit de son mari... les raccourcis sont tellement faciles.


Le docu n'est pas pour autant à jeter, on y trouve des informations intéressantes sur le pays, quelques intervenants nous révélant un fonctionnement qui ne nous avait jamais été autant dévoilé. On apprend donc des choses. Mais la narration est faible, on ressasse les mêmes faits plusieurs fois, ça n'avance pas beaucoup et on se dit que 30 minutes auraient pu suffire pour boucler le sujet tel qu'il nous est rapporté ici (ça manque cruellement de révélations au final, on a vite compris le problème suédois). Parce que oui, ça aurait pu durer 58 minutes et être prenant, mais pour ça il aurait fallu nourrir un peu plus le sujet, l'intrigue, plutôt que de se regarder filmer ou de céder à quelques facilités (scènes misérabilistes).


La mise en scène est parfois un peu trop préparée, du coup, ça enlève le côté spontané, surtout par rapport à certaines révélations et donc ça donne une impression de faux qui ne sied pas avec cette histoire ni avec cette narration (on vit la chronologie des faits comme si ils se déroulaient au fil du film en temps réel) ; ainsi, le montage et la photographie font parfois défaut au film même si en soi cela est du bon boulot (quelques images restent en tête). Les intervenants sont bien choisis : famille, témoins, professionnels travaillant dans le social, député, ... des gens qui ont quelque chose à dire. Dommage qu'il n'y ait que des 'gentils' qui témoignent.


Bref, ce n'est pas inintéressant, mais ça manque de nuances. C'est un peu comme pour l'affaire Charlie, la majorité des gens a voulu nous faire croire qu'on était soit pour soit contre, mais la réalité est toujours plus complexe, plus riche et plus intéressante qu'une simple opposition manichéenne (ce que j'apprécie dans la fiction mais que je déplore dans l'exercice documentaire).

Fatpooper
5
Écrit par

Créée

le 27 juil. 2019

Critique lue 355 fois

2 j'aime

7 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 355 fois

2
7

D'autres avis sur Là où les putains n'existent pas

Là où les putains n'existent pas
270345
6

la maman et la putain suédoise

Et bien j'en apprends de belles sur la Suède : moi qui croyais ce pays (et les belles blondes suédoises) libérés de tous les tabous, moi qui pensais naïvement qu'il s'agissait d'un pays...

le 12 févr. 2018

3 j'aime

Là où les putains n'existent pas
Martincrouton
8

Critique de Là où les putains n'existent pas par Martin Crouton

Derrière une "simple" histoire de féminicide, Ovidie dresse le portait d'une Suède profitant de sa réputation de "pays progressistes" pour mener une politique conservatrice et hostile aux...

le 27 nov. 2020

2 j'aime

Là où les putains n'existent pas
Fatpooper
5

Le fléau des suédois

Bof. J'en ai un peu ras le bol de cette ambiance pro-suède qui ne fait que s'amplifier depuis l'arrivée de la petite Greta sous les feux des projecteurs. Cela fait quelques temps déjà que l'on nous...

le 27 juil. 2019

2 j'aime

7

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

120 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55