Ça ne fait pas longtemps que je suis membre de la communauté Senscritique, ça ne fait pas longtemps que je m'intéresse au cinéma d'ailleurs. Mais depuis que je regarde des films je n'ai pas pu freiner une boulimie passionnée. Vous êtes averti, cette critique n'est pas celle d'un cinéphile très cultivé. Mais c'est bien celle d'un amoureux du cinéma. C'est le première fois que je me prête à cet exercice, et je vais vous parler de La Pampa (2024) d'Antoine Chevrollier. - c'est drôle, une première critique pour un premier film -
La Pampa est son premier long métrage. Le film déborde de générosité. On rentre très facilement dans l'histoire grâce au réalisme et à la justesse des décors et des personnages. C'est une œuvre qui nous plonge dans l'intimité de l'amour que Chevrollier porte pour son pays.
Je ne vais pas plus m'attarder sur la technique, je ne saurais le faire et je n'en ai pas la prétention. Mais je souhaitais vous faire part de mon interprétation et vous expliquer pourquoi ce film m'a touché en plein cœur. Je vais donc spoiler sans surprise l'intégralité de l'intrigue.
Le film traite d'une histoire d'amitié indestructible malgré le lourd secret que va découvrir Willy. Il traite également avec justesse du deuil et du manque. Le film traite surtout de l'obsession d'un père pour un rêve qu'il vit par procuration. C'est le point de départ de l'histoire, celle qui à commencé lors de l'enfance de Jojo qu'on ne voit pas à l'écran. Jojo incarne tous ces enfants en manque de reconnaissance. Ceux qui crient à l'aide avec leur yeux, victimes d'un mal que seul un je t'aime et la fierté de ses parents peuvent sauver. Obsédé par la colère, le jeune garçon finira par mettre fin à ses jours. Laissant Willy pour seul.
Les deux amis sont liés par une passion commune héritée de leurs parents. Mais un autre lien très fort les rends inséparables. Là où Jojo est en manque d'un père aimant, Willy est en manque d'un père. Ils se comprennent comme personne d'autre, ils ont le même sang. Lorsque Willy surprendra Jojo au lit avec Teddy, il ne lui en voudra pas. Leur amitié est inébranlable. Lorsque le monde de Jojo s'écroulera ; son amour, son rêve, sa moto, sa famille, Willy continuera à lui tendre la main. C'est difficile pour quelqu'un qui n'a jamais été confronté à cet état de triste rage, celle qui pousse à tout foutre en l'air, de comprendre l'acte de Jojo. Willy ne pouvait rien y faire, Jojo lui avait déjà fait ces adieux avant qu'il lui propose son aide. Ce drame, c'est malheureusement l'histoire de millions d'âmes perdues, gâchées. C'est l'audace et la justesse de la mise en scène de cette fin qui m'ont bouleversé. C'est un film important, que j'emporte avec moi.
Jojo, c'est l'incarnation de l'âme dépassée par les émotions. Willy, c'est le personnage de la raison. Tout au long du film il saura prendre la bonne décision, seul, grâce à sa sœur Mélo, ou en hommage à son ami. Il finira par faire le deuil de son père, ainsi qu'entreprendre le deuil de son sang. Et il réussira à aller de l'avant.
Je chéris la qualité de chaque scène et particulièrement la première. Le petit numéro de Jojo frôlant la mort sur sa moto, poussé par la masse. Il est freiné en vain par Willy. En quelques minutes, le décor est planté, et l'issue est annoncée.
À ce point, je pense que vous n'êtes plus beaucoup à lire cette critique. Comme nous sommes entre fans de ce film, je veux te souhaiter une vie pleine de bonheur, prends soin des tiens, prends soin de toi.
Je n'ai pas souhaité développer mon interprétation du reste de l'histoire et des autres personnages. Ça me tenait à cœur d'écrire à chaud mais je me suis donné une limite de temps. Sinon, je pense que je pourrais parler de ce film encore des heures.
10/10, c'est tout ce que j'attends du cinéma.