Mais qu'est-ce qu'il arrive dernièrement au cinéma français, qui délaisse enfin ses intrigues parisiennes pour s'intéresser de plus en plus souvent à la ruralité et, en particulier, à sa jeunesse, qui rêve le plus souvent d'ailleurs ? Antoine Chevrollier a choisi son village natal du Maine-et-Loire et les plaines environnantes, avec ses paysages au milieu desquels coule la Loire en majesté. Si La Pampa ne se hisse pas au niveau de Vingt Dieux, sur les plans narratif et esthétique, le film possède une belle énergie et un regard affûté, en ne donnant pas la place centrale au personnage qui fait bouger l'histoire dans tous les sens, de l'héroïque au tragique, mais à celui qui est davantage dans l'ombre, comme témoin de la violence ambiante qui discrimine et comme ami qui ne juge pas et condamne encore moins. Par ce biais, le film semble parfois hésitant dans ses prémices mais parvient sur la longueur à imposer sa vision d'un monde encore encalminé dans ses vieux préjugés, notamment ceux liés à la masculinité. Le naturalisme trop sage du long métrage en restreint un peu l'impact mais sans entamer l'épaisseur du sujet. L'univers très viril du motocross sert d'appui à un récit dont les embardées émeuvent et où l'interprétation subtile de Sayyid el Alami permet de ramener un peu de douceur et d'empathie.