Srdjan Dragojević a fait un film yougoslave, traitant les problèmes des territoires dispersés de l'ancienne Yougoslavie. C'est sous cet angle que ce film doit être envisagé et non dans la logique d'un cinéma mondialisé. Un pont d'or fut proposé à un moment à Dragojevic pour travailler pépère à Hollywood mais, après expérience, il a préféré abandonner tout cela pour pouvoir continuer à travailler chez lui, dans la Serbie contemporaine, là où son cinéma pouvait faire sens et ne pas devenir un vulgaire produit de consommation. Une "nuance" qu'il faut sans doute prendre en compte dans l'appréciation du cinéma actuel. Avec une différence qualitative notable malgré beaucoup moins de facilités et d'argent. Toute la différence entre un distrayeur à gages et quelqu'un qui a quelque chose à dire. Choisis ton camp, camarade ...
Le sujet du film, l'homophobie virulente qui règne encore dans les Balkans, subtilement mise en parallèle avec l'effroyable guerre des années 90 dans cette région; culte de la virilité, nationalisme et haine de la différence. La bonne nouvelle : cela peut se soigner. D'ailleurs, Dragojević fut psychothérapeute en ses débuts et en garde certaines méthodes en son cinéma. D'où une certaine efficacité du propos en relation avec le public concerné.